C’est l’histoire d’un virage à 180 degrés. Après quinze années passées dans les rangs du groupe Nestlé, en Suisse, à Athènes ou en Floride, Guillaume Langloy a choisi de se détourner du géant industriel du café pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale à Lyon. Un choix mûrement réfléchi. « J’ai toujours eu l’ambition de monter mon entreprise, je ne savais pas quand le faire mais j’imagine que la crise de la quarantaine a joué. J’ai fait l’erreur de croire que plus on montait dans un grand groupe, plus on avait de liberté mais c’est exactement l’inverse qui se produit. Plus on prend des responsabilités, et plus la politique interne est lourde. Il était venu le temps pour moi de passer à autre chose », détaille cet ancien élève aux Lazaristes.
Lassé des directives internes chez Nestlé, Guillaume Langloy, épaulé par son épouse Caroline, a donc lancé sa start-up Loutsa en 2019, avec l’ambition de redonner ses lettres de noblesse à la torréfaction urbaine. « Il y a trente ou quarante ans, on trouvait des torréfacteurs dans tous les quartiers ou presque, mais ce métier a peu à peu disparu au profit des multinationales. Notre logique avec Loutsa, c’est de ramener cette torréfaction dans les quartiers », expose le chef d’entreprise, grand passionné de caféine.
Des « fabriques » urbaines uniques
Pour développer son concept, l’entrepreneur s’appuie sur l’essor de ses « fabriques », des espaces co-working uniques entre coffee-shop et boutique, où les clients peuvent déguster leur café torréfié sous leurs yeux quelques minutes auparavant. « 83% des Français disent boire régulièrement du café, mais très peu le connaissent vraiment, savent d’où il vient, comment il est torréfié. Dans nos fabriques, on explique le processus à nos consommateurs. On veut leur montrer ce qu’est le café, leur faire partager avec nous ce moment », développe le patron de la jeune start-up.
Un an après l’ouverture d’une première boutique du genre dans le 7e arrondissement, Loutsa a annoncé ces dernières semaines, avoir levé 1,2 million d’euros pour accélérer son déploiement commercial. « On ouvrira notre deuxième fabrique sur la Presqu’île, dans le 1er arrondissement, en avril prochain. On compte en avoir trois à Lyon d’ici la fin de l’année. On souhaite aussi s’implanter à Paris en 2020 et ouvrir une vingtaine d’établissements en France d’ici quatre ans », avance Guillaume Langloy.

Préparer l’après-capsule
Avec son concept novateur, la jeune start-up lyonnaise (9 salariés, 300 000 euros de chiffre d’affaires pour sa première année d’existence) entend « préparer l’après-capsule » et s’imposer comme une alternative aux dosettes commercialisées par les multinationales. « Aujourd’hui, la capsule fait partie du passé. Nos consommateurs veulent connaître l’histoire de leur café, du grain à la tasse. Ils sont prêts à redécouvrir le goût du café, explique le chef d’entreprise. La torréfaction permet de développer plus d’arômes. Dans le vin, on détecte approximativement 400 molécules aromatiques dans un verre d’un grand cru, pour les cafés d’exception sur lesquels on travaille, on monte jusqu’à 800 molécules aromatiques »
Poussé par son expertise et sa passion pour la « caféologie », Guillaume Langloy compte également structurer son activité professionnelle (B2B) et propose depuis peu une offre dédiée aux professionnels (restaurateurs, cafés et entreprises). « Les restaurateurs font très attention à la sélection de leurs ingrédients, ils rencontrent les producteurs, les fermiers, mais quand on arrive au café, ils sous-traitent. Notre objectif, c’est de travailler avec eux pour leur redonner la main sur le café. » Si l’équipe de Loutsa n’a pas encore commencé à chercher de nouveaux clients dans ce secteur, elle travaille déjà avec une quarantaine d’entreprises et de restaurants à l’heure actuelle. « C’est notre deuxième axe de développement pour les prochains mois, avec l’ouverture de nouvelles fabriques, partout en France », précise Guillaume Langloy.