C’est un plan social sans précédent que Boiron a présenté aujourd’hui aux instances représentatives du personnel. Avec, à la clé, la suppression de 646 postes liée à l’arrêt du site de production de Montrichard (près de Tours) et la fermeture de 12 des 27 sites de préparation/distribution du groupe (Avignon, Belfort, Brest, Grenoble, Limoges, Niort, Paris Bois d’Arcy, Paris Ivry, Pau, Rouen, Strasbourg et Toulon). Dans les 15 unités conservées, un redimensionnement des équipes est prévu. Une réorganisation des équipes commerciales du leader mondial de l’homéopathie est également annoncée.
Parallèlement aux 646 suppressions de postes, 134 recrutements sont prévus, soit une solde net qui se traduit par plus de 500 suppressions d’emplois. La direction entend “limiter l’impact social dans le respect de l’héritage social qui est le nôtre”. Valérie Lorentz-Poinsot, directrice générale de Boiron depuis janvier 2019, a déclaré: “depuis toujours, nous sommes particulièrement attentifs au respect de chacun de nos collaborateurs. C’est avec beaucoup d’amertume que nous devons aujourd’hui présenter un projet de réorganisation sans précédent. Dans un contexte d’activité en forte baisse, nous devons réagir sans attendre et prendre des décisions, certes très difficiles, mais qui seront à même d’assurer la pérennité de notre entreprise”.
En panne de croissance avant le déremboursement
Boiron a enregistré une baisse de ses ventes de 7,8% en 2019 à 557 millions d’euros. En France, où le leader de l’homéopathie réalise 100% de sa production et 56% de ses ventes, la baisse d’activité s’établit même à 12,6%. L’entreprise pointe du doigt des “attaques virulentes, injustifiées et réitérées contre l’homéopathie qui pèsent lourdement” sur l’activité de l’entreprise dont les résultats reculent fortement. De fait, Boiron enregistre un tassement d’activité et semble en panne de relais de croissance depuis plusieurs années, avant même la décision du gouvernement de dérembourser l’homéopathie en deux temps: passage du remboursement par la Sécurité sociale de 30 à 15% au 1er janvier 2020 puis à 0% au 1er janvier 2021.
La mise en place du PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) devrait s’échelonner entre la fin 2020 et fin juin 2021. Les sites rhodaniens du groupe sont relativement épargnés. Boiron a engagé des actions en justice, notamment devant le Conseil d’Etat, pour faire annuler la décision du gouvernement sur le déremboursement de l’homéopathie. Le groupe lyonnais précise d’ailleurs qu’il poursuivra “avec détermination toutes les démarches et actions pour obtenir le maintien du remboursement des médicaments homéopathiques”.