
« Quand Lyonbiopôle a été constitué en 2005, le souhait des fondateurs était de faire un bouclier contre les maladies infectieuses. Je pense qu’un certain nombre des industriels, des académiques, des politiques à l’origine de la fondation du pôle, avaient malheureusement conscience depuis longtemps qu’un épisode comme celui qu’on vit aujourd’hui pouvait arriver. » La voix est posée, fluide et sombre, comme pour mieux marquer la gravité de la situation. Directrice générale de Lyonbiopôle depuis 2013, Florence Agostino-Etchetto mesure l’ampleur de la crise sanitaire actuelle liée au coronavirus.
Focalisation sur les maladies infectieuses
Le pôle de compétitivité régional, qui accompagne les entreprises du secteur de la santé dans leurs projets innovants et soutient leur développement économique, est en première ligne dans cette lutte contre la prolifération des maladies infectieuses. « On travaille sur ce sujet de façon régulière aux côtés des entreprises de notre écosystème impliquées sur ces sujets là. C’est donc une de nos priorités, en accord avec notre axe historique », développe la directrice générale du pôle installé à Gerland.
Hasard du calendrier, les équipes de Lyonbiopôle (245 adhérents, entreprises de toutes tailles et académiques) se sont justement penchées, quelques jours avant le début de cette épidémie majeure, sur le lancement à Lyon d’un premier hub mondial en santé publique vétérinaire avec Boehringer (numéro 2 mondial de la santé animale) et l’école vétérinaire. « 60% des maladies infectieuses comme le coronavirus ont une origine animale. C’est un sujet qu’on souhaitait remettre en première ligne des préoccupations, et ce, avant même le début de cette crise. Il faut travailler de façon continue sur ces sujets de fond », explique Florence Agostino-Etchetto.
Mesurer l’état de la situation
En plus de l’accompagnement étroit des entreprises mobilisées contre la propagation du virus (Sanofi Pasteur, bioMérieux…), les équipes de Lyonbiopôle doivent aussi veiller à la santé économique de ses adhérents. De quoi pousser la directrice à multiplier les échanges avec les entreprises partenaires, qui commencent pour certaines d’entre elles, à être durement impactées par l’arrêt d’un certain nombre d’activités. « Nous sommes dans une gestion urgente où la crise sanitaire se mêle à la crise économique. On a pris la décision d’interroger 100% de notre écosystème pour bien mesurer l’état de la situation et pouvoir faire ensuite remonter ça auprès de Bercy », avance ainsi la directrice générale du pôle de compétitivité, qui relaie sur internet les différentes mesures gouvernementales immédiates de soutien aux entreprises.
Ancienne directrice adjoint à la direction de la Recherche et de l’Innovation des Hospices Civils de Lyon, diplômée de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publiques (ex ENSP), en droit et sciences politiques, Florence Agostino-Etchetto sonne l’alerte quant à l’évolution de la situation sanitaire à l’avenir : « Les maladies infectieuses restent parmi les enjeux majeurs de la santé de demain. Et je pense qu’on peut craindre la résurgence d’autres épisodes épidémiques majeurs dans les années à venir, comme cela a déjà été le cas par le passé. Pour anticiper cela, il nous faut poursuivre les efforts en matière de recherche, d’innovation. On le voit bien avec la crise actuelle, les sujets en matière de santé, on ne peut pas les appréhender en trois semaines, il faut une prise en compte continue de cette réalité, c’est indispensable ».