« L’alerte est arrivée par notre filiale de Singapour, 45 jours plus tôt », explique Guy Chifflot, Pdg d’Orapi, entreprise leader dans l’hygiène professionnelle, installée dans la Plaine de l’Ain depuis quelques années. Le Lyonnais, qui a hérité de cette activité de fabrication de gel hydroalcoolique en rachetant Chimiotechnic et son laboratoire Garcin-Bactinyl, a tout de suite compris que son usine 4.0 lancée deux ans plus tôt sur son nouveau site de Saint-Vulbas, allait devoir faire face à une demande jamais vue. « On avait déjà connu un premier pic en 2009 au moment de la grippe H1N1, avec des progressions de 20 à 30%. Mais cette fois-ci, la consommation a presque doublé. La demande est tellement forte qu’on a même des difficultés à enregistrer toutes les commandes. On fait au mieux », ajoute Guy Chifflot. Très vite, l’usine est passée aux 3 × 8 avec une production le week-end également quand l’encadrement est suffisant.
60 000 bidons de gel hydroalcoolique produits chaque jour
Orapi a dû résoudre quelques problèmes d’approvisionnement en matière première et d’emballage (fixation des pompes sur les flacons). Une nouvelle chaîne devrait ouvrir bientôt. La production a été tout simplement multipliée par dix avec environ 60 000 bidons de gel hydroalcoolique produits chaque jour. « Nous pourrions monter à 200 000 par jour si on avait le matériel pour tenir la cadence ». Orapi fournit en priorité ses clients industriels mais aussi et surtout les clients publics : hôpitaux, services publics, collectivités locales (pour les bureaux de vote, dimanche dernier). Pas question, donc, de tirer profit de cette demande exceptionnelle : « le prix des gels a été bloqué en France et nous fournissons avant tout la demande intérieure », ajoute Guy Chifflot. Le site de Saint-Vulbas est classé et la DGCCRF a déjà eu l’occasion de procéder à des contrôles.
Toutes les équipes sont mobilisées 24 heures sur 24, fières d’apporter leur contribution dans une guerre qui concerne toute la population. Quant à Guy Chifflot, il n’est pas mécontent d’avoir mené à bien, juste avant ce bond d’activité, la restructuration de sa dette en faisant entrer un fonds belge, Kartseia qui a pris 20% du capital d’Orapi, tout en apportant 17 millions (dont 12 millions d’euros en cash). Orapi (1 100 salariés dans le monde dont 200 dans la région lyonnaise) a réalisé 240 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019 (en repli de 3,3% par rapport à 2018). L’entreprise est en ordre de bataille.