« Les professionnels en première ligne dans cette crise manquent de matériel pour exercer leur mission. Cette pénurie les met gravement en danger. Gel hydroalcoolique, masques de protection, gants, blouses… Les besoins sont immenses. Dans ce contexte, nous lançons un appel aux entreprises régionales pour répondre à cette pénurie et nous aider dans le combat contre le Covid-19. » Le message est simple, clair et témoigne de l’urgence de la situation. Dans cette déclaration relayée sur Twitter, Laurent Wauquiez appelle les entreprises régionales à réorienter les chaînes de production pour palier cette rupture de stocks générale.
Le message du président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a visiblement été entendu. Aux quatre coins du territoire, des dizaines d’entreprises de toutes tailles et de tous secteurs participent à cet effort collectif et mettent tout en oeuvre pour livrer les professionnels de la santé, des secours ou de la sécurité dans les plus brefs délais.
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Boiron se met au gel hydroalcoolique
De nombreuses entreprises de la région lyonnaise se sont elles aussi engagées à participer à cet élan de solidarité contre le coronavirus. Les laboratoires Boiron, qui connaissent quelques difficultés sur le plan économique (lire ici), ont ainsi répondu positivement à cet appel, appuyé par la Direction Générale de la Santé. Le leader mondial des médicaments homéopathiques s’apprête à lancer sa production de gel hydroalcoolique dans ses usines de Messimy. « Nous continuons à produire nos médicaments homéopathiques mais nous organiserons notre travail de manière un peu plus différente en intégrant cette fabrication de gel hydroalcoolique à nos chaînes de production, nous précise-t-on du côté des Laboratoires Boiron. Plusieurs salariés seront mobilisés sur cette mission dans nos usines à partir de lundi. Nos pharmaciens sont formés pour produire du gel hydroalcoolique. »
Après s’être assuré de trouver les matières premières nécessaires à la fabrication de ces solutions hydroalcooliques, le géant lyonnais de l’homéopathie compte fournir ses flacons à à l’Etablissement Français du Sang (EFS) d’ici la fin de la semaine prochaine. « Nous utiliserons des contenants préexistants et utilisés pour d’autres productions. Nous préférons rester assez prudents sur la quantité de litres qui seront produits ces prochains jours mais on sera probablement sur plusieurs centaines de litres chaque jour », nous indique-t-on du côté de Boiron, qui espère pouvoir mettre ses gels hydroalcooliques à disposition des officines dans un second temps.

Seqens et Ouvry adaptent leur production
Le groupe Seqens, acteur mondial de la synthèse pharmaceutique, basé à Ecully, s’implique lui aussi pour parer cette pénurie de solutions hydroalcooliques. Premier producteur français d’isopropanol, un solvant qui entre comme composé principal dans la composition des solutions hydroalcooliques, Seqens va réorienter une partie de son activité dans les prochains jours. « Nous mettons à disposition deux lignes de production sur notre site de Bourgoin-Jailleu avec l’objectif de produire plus de 30 000 litres de gel hydroalcoolique par jour. Ces grandes quantités sont destinées préférentiellement au milieu hospitalier, au milieu de la santé mais aussi à la grande distribution en France », nous dévoile le groupe.
Si les industriels de la région lyonnaise s’impliquent pour répondre à cette urgence sanitaire en produisant des quantités nouvelles de solutions hydroalcooliques, d’autres sont davantage concentrés sur l’approvisionnement en masques des personnels de la santé ou de la sécurité.
C’est notamment le cas de l’entreprise Ouvry, spécialisée dans les systèmes de protections face aux risques NRBC (nucléaire, radiologique, biologique chimique) aux forces d’interventions, aux professionnels de la sécurité civile et à l’industrie, sollicitée aujourd’hui par le ministère de l’Intérieur. « Notre matériel est surtout fait pour protéger contre les agents chimiques de guerre comme le gaz sarin ou le gaz moutarde. Mais nous avons toute la compétence pour adapter certains de nos produits dans nos unités de production pour répondre aux besoins actuels. On va s’appuyer sur nos partenaires couturiers et on espère pouvoir produire plus de 10 000 masques destinés par semaine », nous indique Ludovic Ouvry, fondateur de la société lyonnaise.
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Ces milliers de masques seront ensuite destinés aux forces de l’ordre, police et gendarmerie, et ensuite aux personnels de santé. « Ces clients qui nous sollicitent activement depuis plusieurs jours n’auraient pas compris qu’on ne réponde pas positivement à cet appel, d’autant plus que nous avons la solution et les compétences. Ce qu’on n’a pas, c’est l’expérience. Mais tout le monde est au front, et l’expérience, on va l’acquérir très vite », conclut Ludovic Ouvry.
La solidarité avant tout
D’autres entreprises qui ne disposent pas nécessairement d’unités de production à mettre au service de cette lutte contre le coronavirus, participent eux-aussi à cet effort collectif, à leur manière, comme la société de collecte de déchets sur les chantiers de bâtiment Setra-Amadéo, basée à Vénissieux.
« Nos salariés utilisent des masques au quotidien dans le cadre de leur activité donc on a un gros stock de masques en permanence. Mais avec l’épidémie de coronavirus et les annonces du gouvernement, nos activités ont été complètement stoppés donc nous n’avions plus besoin de fournir ces masques à nos salariés, détaille Carine Amadéo, dirigeante du groupe. Après avoir entendu à la télévision l’appel au secours des personnels soignants face à cette pénurie de masques de protection, on a contacté l’hôpital Edouard-Herriot pour leur proposer notre stock de 5000 masques qu’ils ont immédiatement accepté. Ça s’est fait naturellement, par solidarité. » La solidarité, le maître mot pour sortir au plus vite de cette crise sanitaire et économique.