« C’est une période qu’il était impossible de prévoir, à laquelle personne n’a été préparé. » Directeur général du Crédit Agricole Centre-est depuis 2010, Raphaël Appert constate en première ligne les conséquences sanitaires et économiques dévastatrices liées au Covid-19. Dans ce marasme ambiant, les banques restent mobilisées pour assurer leur rôle essentiel dans une économie plus que fragilisée. Mais comment garantir une continuité des services en pleine période de confinement ? Le patron du Crédit Agricole Centre-est explique sa gestion de la crise et détaille les mesures mises en place par la banque régionale.
« Assurer la continuité de nos services pour nos clients »
« L’ampleur de la crise, nous l’avons anticipée assez rapidement puisque le groupe Crédit Agricole est présent en Asie, commente Raphaël Appert. Nous avons des équipes et des clients en Chine et des équipes très présentes en Italie. Donc les préoccupations sanitaires et économiques, nous les avions déjà à l’esprit quelques semaines avant le début du confinement en France. » De quoi permettre au Crédit Agricole Centre-est de réagir promptement suite aux recommandations des autorités de santé et du gouvernement. « Nous avons ainsi réorganisé le travail de nos équipes, en agence, sur site ou en travail à domicile, pour permettre une séparation physique. Nous avons donc mis en place un système de roulement de présence pour assurer le bon fonctionnement de nos activités », précise le directeur général du CACE.
Plus de 90% des agences de la banque régionale sont ainsi en état de marche avec une présence physique ou à distance. « Notre priorité après la protection de nos collaborateurs, c’est d’assurer la continuité des nos activités pour nos clients. Tous les secteurs d’activité sont touchés, il nous faut faire preuve de réactivité, être à l’écoute de tous nos clients (1,2 million de clients) et les accompagner économiquement. »
Reports d’échéance de crédits
Le Crédit Agricole Centre-est a ainsi annoncé la possibilité de faire des reports d’échéance des crédits à six mois. Une mesure qui concerne déjà plus de 13 000 crédits, ce qui représente plus de 100 millions d’euros de reports d’échéance. La seconde étape du plan d’appui de la banque régionale est relative aux prêts garantis par l’Etat. « Il nous faut préparer, promouvoir et rendre accessibles ces mesures décidées par le gouvernement. C’est pour nous un effort d’organisation exceptionnel. À l’échelle du Crédit Agricole en France, il y a 100 000 demandes que nous sommes en train de traiter, qui représentent plus de 12 milliards d’euros à débloquer. À l’échelle du Crédit Agricole Centre-est, nous avons déjà traité plus de 5000 demandes. Nous pensons engager un potentiel de 2 milliards d’euros de crédits, soit l’équivalent d’une année normale de crédit à nos clients entrepreneurs », avance Raphaël Appert.
Ces mesures d’appui à l’économie impulsées par le gouvernement, symbolisées par ce PGE, sont jugées « satisfaisantes et tout à fait la hauteur » par le directeur général du Crédit Agricole Centre-est. « Il était nécessaire d’agir très vite, de prendre des mesures immédiates et de grande ampleur. Les leçons de la crise financière de 2008 ont été retenues. La BCE a elle aussi tiré enseignement de la crise précédente avec des mesures prises de nature à garantir un point majeur : l’approvisionnement en capitaux sur la zone euro sur la période qui s’ouvre, qui va être très difficile. »
« La solidité du système bancaire français »
La crise actuelle met par ailleurs en lumière, pour Raphaël Appert, la « solidité du système bancaire français ». « En 2008, les banques françaises sont restées solides et elles se sont singulièrement renforcées depuis, puisque leurs fonds propres ont doublé. Ce qui fait qu’aujourd’hui, elles sont en capacité d’accompagner efficacement ces mesures engagées par les pouvoirs publics », indique le directeur général du CACE.
Si la sortie de crise parait encore lointaine, le « rôle fondamental d’accompagnement et moteur de l’économie » des banques va mieux être mis en évidence dans les prochains mois selon Raphaël Appert. « Cette crise sera terrible pour un certain nombre d’acteurs. Notre approche sur l’ensemble du territoire sera très concrète, avec un engagement total dans l’accompagnement, le redressement et le redéploiement des activités dans tous les secteurs, et sauver toutes les situations qui peuvent l’être, comme banquier et comme investisseur », conclut-il.