LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Le Zola, Ciné Mourguet :
les cinémas lyonnais face au confinement

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Grandement fragilisé par les mesures de confinement annoncées par le gouvernement, le milieu cinématographique lyonnais tente de s’adapter à la situation mais craint un très lent retour à la normale.

La nouvelle remonte au 14 mars dernier. Face à la rapide expansion du coronavirus sur le territoire, le Premier ministre Edouard Philippe ordonne, en lien avec le président de la République « la fermeture jusqu’à nouvel ordre de tous les lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays ». L’annonce fait alors l’effet d’une bombe et touche aussi bien les cafés, restaurants, boites de nuit, commerces non-essentiels que les salles de cinéma. « C’était déjà compliqué avant cette décision puisqu’avec les distributeurs qui reportaient la sortie de leurs films les uns après les autres, il nous était devenu impossible d’assurer une programmation pour le mois d’avril », témoigne Grégory Tudella, directeur adjoint du Ciné Mourguet à Sainte-Foy-lès-Lyon, pour qui cette fermeture tombe au plus mauvais moment possible. 

« L’année cinématographique avait plutôt mal commencé et depuis dix jours, les spectateurs revenaient dans les salles. On nous avait d’abord demandé de réduire les jauges de places avant l’annonce de la fermeture et le vendredi soir, les 100 places de notre grande salle (200 places en temps normal) étaient occupées, donc c’était encore plus difficile à accepter », précise ce spécialiste du septième art, membre du jury au Festival Lumière.

« Difficile d’anticiper quoi que ce soit »

Cette situation inédite autant qu’imprévue, pousse les cinémas de la région lyonnaise à réorganiser leurs activités et charges de travail depuis trois semaines. « Tant qu’on ne connaît pas les dates de réouverture, il est difficile d’anticiper quoi que ce soit, avance Grégory Tudella. Les quatre salariés du Ciné Mourguet sont aujourd’hui au chômage partiel. » Seul un technicien s’occupe à raison d’au moins une fois par semaine de faire tourner les machines et appareils dans les salles de projection pour entretenir le matériel. Une situation similaire au Zola, à Villeurbanne où le projectionniste s’affaire à la même tâche toutes les semaines. 

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La salle de cinéma indépendante villeurbannaise profite de cette période de confinement pour lancer un tout nouveau projet, inédit dans la région lyonnaise, avec l’ouverture d’une e-salle et d’une programmation en ligne sur la plateforme numérique La Toile. « On s’est demandé comment on pouvait garder un lien avec le spectateur. Sur cette plateforme, on propose six films à la VOD, renouvelés chaque semaine, détaille Olivier Calonnec, directeur du Zola. Le principe est le même qu’une salle de cinéma, mais en ligne. On essaie ainsi d’être dans l’air du temps, de suivre ce qui se passe, de penser à la salle de demain et de ne pas être déconnecté des spectateurs. »

La salle unique du Zola à Villeurbanne

Un retour à la normale en septembre ?

Avec un abonnement à 20 euros la semaine pour avoir accès aux six films disponibles, Olivier Calonnec ne s’attend pas à des retombées économiques faramineuses mais se réjouit de cette initiative. « Ce projet nous fera gagner un peu d’argent mais l’idée c’est de garder un lien avec nos spectateurs en leur montrant qu’on pense à eux. C’est l’occasion de se réinventer tout en gardant ce côté précurseur. » Si le système est encore inédit dans l’agglomération lyonnaise, le projet a d’ores et déjà séduit d’autres établissements comme le Ciné Toboggan de Décines selon le directeur du Zola, qui indique de son côté vouloir poursuivre cette initiative après le confinement.

Quid justement de la reprise d’activité une fois le confinement levé ? La question laisse les deux professionnels du secteur perplexes. « Ça ne va pas être simple. Quand on sortira du confinement, les gens auront vraiment envie de sortir. Je ne sais pas si retourner dans un espace clos et s’installer à côté de quelqu’un qu’on ne connaît pas sera la priorité des Français, souligne Olivier Calonnec. J’ai peu d’espoirs sur le fait qu’il y ait une ruée des spectateurs en salle et une reprise de confiance du public avant la rentrée de septembre. » Même son de cloche pour Grégory Tudella du Ciné Mourguet : « La grande inconnue, c’est de savoir jusqu’à quand tout ça va durer, sachant qu’en plus, les mois de juillet et août sont toujours des mois un peu plus au ralenti. Alors s’il va falloir attendre septembre pour que tout redémarre vraiment, ça risque d’être long… »

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