« L’enjeu pour nous, c’est d’accompagner la reprise sans mettre en danger les usagers. » À quelques jours de la levée du confinement, le Sytral et sa présidente Fouziya Bouzerda s’activent en interne pour assurer la sécurité sanitaire de chaque voyageur du réseau TCL. « Dès lundi, le trafic sur notre réseau sera assuré à 85%. Les lignes les plus importantes comme le C3 ou le métro D fonctionneront même à 100%. L’objectif, c’est d’apporter le plus de capacité possible avec des fréquences importantes pour éviter que les transports ne soient saturés et les voyageurs collés les uns aux autres ».
Une reprise progressive et soutenue, rendue possible grâce à la décision du Sytral de maintenir, pendant les deux mois de confinement, au moins 50% d’offre pour seulement 10% de fréquentation. « Notre souhait, c’était de pouvoir très vite être en mesure de garantir une offre conséquente dès lors qu’on mettait un terme au confinement. Plus vous dégradez l’offre, plus c’est difficile de remonter en suite. C’est pour cela qu’on a fait le choix de ne jamais descendre en dessous des 50% », détaille Fouziya Bouzerda. Avec la poursuite du télétravail et la priorisation d’autres modes de déplacement, la présidente du Sytral s’attend à une fréquentation de l’ordre de 30% sur le réseau TCL ces prochains jours, en rapport au trafic habituel.
Equipements sanitaires
Pour garantir une pleine sécurité sanitaire sur le réseau, le Sytral travaille depuis plusieurs semaines, en concertation avec l’Etat et les représentants de la santé, sur la mise en place de mesures efficaces pour l’ensemble des usagers et du personnel. À commencer par le port du masque obligatoire sur tout le réseau TCL à partir de lundi. Près de 100 000 masques seront ainsi distribués dans les prochains jours sur le réseau TCL aux usagers qui ne seraient pas encore équipés. « Avec un masque, on se protège et on protège aussi les autres. C’est un préalable indispensable mais pas suffisant », soutient Fouziya Bouzerda.
Ainsi, le Sytral va installer toute une série d’autres équipements sanitaires pour garantir la sécurité des usagers. Dans la semaine du 11 mai, 10 000 kits comprenant deux masques et du gel hydro alcoolique seront proposés dans les 70 distributeurs automatiques des stations de métro, habituellement réservés aux snacks et boissons. Le plan prévoit l’installation, dans dix grandes stations du réseau, d’une borne de désinfection des mains sans contact, élaborée par la start-up grenobloise EverCleanHand. Le dispositif de sécurité passera également par un renfort de la fréquence de nettoyage dans les stations (distributeurs, valideurs, escaliers mécaniques, plans de réseau…) et le test de nouveaux systèmes de désinfection par rayonnement ultra-violet, et de nettoyage par vapeur sèche.
Faire de la pédagogie
Outre ces nouveaux dispositifs expertisés avec la plus grande attention par la cellule innovation du Sytral, spécifiquement orientée Covid ces dernières semaines, Fouziya Bouzerda souhaite faire preuve de pédagogie auprès des usagers du réseau. « Nous allons mobilisés près de 350 agents sur le terrain pour expliquer les consignes, orienter les voyageurs. Cela passera aussi par des plans de communication qui commencent à être déployés et des petits films pédagogiques dans les stations, sur le port du masque, et le respect des distances dans les réseaux de transports ».
Une distanciation sociale qui s’avère particulièrement compliquée à organiser pour la présidente du Sytral. « On va organiser les flux pour éviter que les voyageurs ne se croisent dans les couloirs du métro. On aura des stations avec des entrées et des sorties spécialisées qui rappellent le dispositif mis en oeuvre pour la Fête des Lumières. On va aussi mettre en place une signalétique au sol, avec des sas d’attente matérialisés par une ligne dans les grandes stations pour fluidifier la montée et descente des usagers. »
La mise en place d’un ensemble de mesures dont le coût n’a pas encore été identifié par le Sytral. « Le surcoût de l’usure sanitaire n’est pas encore déterminé puisqu’on a pour l’instant beaucoup de matériel en commande. On a commencé à chiffre l’impact Covid au départ entre 70 et 100 millions d’euros, entre le surcoût de l’arrêt des chantiers, des mesures sanitaires, de la baisse des recettes. On est en train d’affiner cela même si nous n’avons pas tout le recul nécessaire, nous serons plus entre 100 et 165 millions d’euros d’impact. »