Guillaume Bour­don (Ergon’­homme) : « Je ne suis plus le même homme »

Aujourd’hui épanoui en portant de multiples projets entrepreneuriaux « avec du sens », Guillaume Bourdon a connu la descente aux enfers avec la liquidation judiciaire de sa précédente entreprise.

« Pour la première fois de ma vie, mes diffé­rentes acti­vi­tés profes­sion­nelles sont véri­ta­ble­ment alignées avec qui je suis. J’ai ma feuille de route pour les quinze prochaines années ! » Guillaume Bour­don a donc (re)trouvé sa voie. Ou plutôt de multiples chemins : cofon­da­teur d’Ergon’Homme (une agence de conseil en design des orga­ni­sa­tions), il est égale­ment à l’ori­gine de la Ligne Vertuose (un projet écoso­li­daire de fabri­ca­tion de mobi­lier par des jeunes éloi­gnés de l’em­ploi) et derniè­re­ment des Traduc­teurs (créa­tion d’objets design connec­tants).

Et si le Croix-Rous­sien se dit « enfin en paix avec (lui)-même », cela n’a pas toujours été le cas, loin de là. Guillaume Bour­don a même connu « une descente aux enfers ». C’était en 2012, lorsque son entre­prise de design signa­lé­tique, qui employait alors une dizaine de colla­bo­ra­teurs, était placée en liqui­da­tion judi­ciaire. « Je me suis alors rendu compte que l’en­tre­pre­neur était seul, physique­ment et mora­le­ment, dans ces moments-là. Quand votre entre­prise rencontre des diffi­cul­tés, votre vie est en jeu. Je me suis retrouvé dans une situa­tion très complexe, sans toucher le chômage, mais avec d’im­por­tantes dettes. Je ressen­tais un mélange d’injus­tice, de honte, de colère, de culpa­bi­li­té… », raconte-t-il.

Trans­mettre son expé­rience 

Une véri­table épreuve qui le pousse, quelques années plus tard, à fonder l’an­tenne lyon­naise de Second Souffle, une asso­cia­tion qui accom­pagne, sur le long terme, les entre­pre­neurs qui sont en train de « perdre » leur boîte. « Car l’homme derrière la liqui­da­tion est souvent affai­bli et déprimé. Il a besoin d’aide. » Avec, aussi, un autre objec­tif : favo­ri­ser la réha­bi­li­ta­tion des entre­pre­neurs qui ont échoué. «  D’ailleurs, je ne parle pas d’échec, mais d’ac­ci­dent de parcours. L’as­so­cia­tion Second Souffle a pour ambi­tion de faire admettre que seul celui qui a osé peut échouer. L’échec fait partie de la réus­site. Nous nous sommes donc fixé pour mission de combattre la margi­na­li­sa­tion des chefs d’en­tre­prises de TPE/PME, en mettant à profit leurs propres expé­riences pour rebon­dir vers un emploi sala­rié ou sur une nouvelle acti­vité », détaille-t-il. L’an dernier, l’as­so­cia­tion a accom­pa­gné une tren­taine d’en­tre­pre­neurs lyon­nais avant et pendant leurs procé­dures judi­ciaires. « Je me sens utile en trans­met­tant ma propre expé­rience et en montrant que l’on peut se rele­ver d’une liqui­da­tion judi­ciaire », rapporte Guillaume Bour­don.

« Je me sens riche » 

Mieux, l’en­tre­pre­neur s’es­time « sorti grandi  » de cette période noire. « Je ne suis plus le même homme, ma vision de la vie a changé. Il m’a fallu du temps pour digé­rer la liqui­da­tion, mais, main­te­nant que je me suis relevé, je me sens plein d’éner­gies posi­tives. Et je remarque aussi que j’ose plus, je n’ai plus peur d’ex­pé­ri­men­ter de nouvelles choses », déclare-t-il. La preuve avec l’ins­tal­la­tion, initiée au début du mois, de « bulles de repos » pour personnes vulné­rables (personnes âgées, handi­ca­pées, femmes encein­tes…) dans les stations Perrache et Mermoz. Un projet mêlant design et philo­so­phie, en test pendant six mois, qui lui tient à cœur. « Désor­mais, pour moi, le sens prime sur tout le reste. Je n’ai pas d’argent de côté, je ne suis pas proprié­taire de mon loge­ment, mais je me sens riche grâce à mon parcours. »

BIO EXPRESS

1er octobre 1972 : Nais­sance à Ville­franche

1992 : cofon­da­teur de Skima­nia

2012 : Liqui­da­tion judi­ciaire de son agence de design signa­lé­tique

2016 : Confon­da­teur d’Er­gon’Homme

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