Les travailleurs indépendants font partie des grandes victimes de cette crise économique actuelle, qui pèse sur la santé et la survie de leur micro-entreprise. Depuis 30 ans, l’Adie (l‘association pour le droit à l’initiative économique) accompagne et soutient les créateurs d’entreprise, partout en France, avec un financement de tout type d’activité professionnelle pouvant aller jusqu’à 10 000 euros. Un accompagnement qui se traduit ensuite par un suivi personnalisé et gratuit des spécialistes et conseillers de l’association, pour chaque projet encadré. Face aux nombreux doutes et inquiétudes de ces micro-entrepreneurs dans la période actuelle, l’Adie se mobilise et déploie des mesures de soutien d’urgence, pour préparer la reprise et la relance d’activité.
55% des micro-entrepreneurs estiment qu’ils vont devoir fermer leur activité
Selon les résultats d’une enquête menée à la mi-avril pour l’association, 96% des entrepreneurs du réseau Adie ont dû cesser en totalité ou partiellement leur activité suite au confinement. 78% d’entre eux se disent d’ores et déjà en grande difficulté et plus de la moitié des micro-entrepreneurs interrogés estiment qu’ils ne pourront pas relancer leur activité après cette période de confinement.
« Sans aucune aide, ces chefs d’entreprise vont avoir du mal à maintenir leur activité. Donc il nous fallait être immédiatement dans l’action, à leurs côtés », souligne Etienne Taponnier, directeur Adie Auvergne Rhône-Alpes. L’association, qui a participé au financement de près de 2150 entrepreneurs sur le territoire régional en 2019, a ainsi rapidement sondé ses micro-entreprises clientes (tous secteurs d’activités, petits commerces, services à la personne, aux entreprises, artisanat, domaine artistique,…) pour déployer des premières mesures concrètes d’appui économique.
Fonds de secours et reports d’échéance
En plus de conseils pratiques (comment obtenir les aides de l’Etat, des reports de crédits, comment rester en contact avec ses clients malgré la distance, quelles réglementations sanitaires pour la reprise…), l’Adie a ainsi oeuvré pour la création d’un fonds de prêt de secours sur fonds propres à hauteur d’un million d’euros et propose aux entrepreneurs en difficulté des reports d’échéance de remboursement des prêts. « Ce sont des efforts importants de l’Adie, cela aura un impact sur notre trésorerie nous n’avons pas hésité à prendre ces décisions. Nous sommes fiers d’avoir fait preuve de réactivité et d’agilité pour mettre en place ces mesures très vite et à distance, explique Etienne Taponnier. L’idée désormais, c’est d’essayer de se tourner vers des partenaires publics ou privés pour aider les entreprises à tenir, dans la perspective d’une reprise d’activité »
Un appui primordial d’autant que le fonds de solidarité mis en place par l’Etat pour les travailleurs indépendants et micro-entrepreneurs (avec une aide pouvant aller jusqu’à 1500 euros) ne s’adresse pas à tous. « Au niveau national, une entreprise sur deux ne peut bénéficier de cette aide versée en cas de perte de chiffre d’affaires d’au moins 50% par rapport à l’année précédente. Ce mode de calcul est plutôt désavantageux pour des entreprises très jeunes, au chiffre d’affaires très modeste. Il y a ainsi eu près de 180 000 demandes en Auvergne Rhône-Alpes pour ce fonds de solidarité, mais la grande majorité des entreprises n’ont reçu qu’une petite somme », soutient le directeur Adie AuRA.

L’appui des pouvoirs publics
En s’appuyant sur son enquête réalisée auprès des micro-entrepreneurs dramatiquement touchés par cette crise, l’Adie a donc interpellé les pouvoirs publics, et les décideurs économiques et politiques locaux autour d’un « Plaidoyer pour une relance inclusive ». « Nous en appelons à la solidarité de nos partenaires. Le conseil régional nous a confié un dispositif de subvention de 1000 euros en moyenne que l’on pourra attribuer à près de 1400 créateurs de micro-entreprises que nous accompagnons, avance Etienne Taponnier. Nous travaillons aussi sur la création d’ici mi-juin d’un fonds d’avance remboursable avec le conseil régional, la banque des territoires et la participation des grandes agglomérations de la région, à hauteur de 50 millions d’euros pour les micro-entrepreneurs qui n’auraient pas bénéficié des aides déjà en place. »
Le directeur de l’Adie Aura se montre ainsi « optimiste » et se félicite de cette réponse des partenaires publics. « On va se battre pour trouver des outils rapidement opérationnels. L’ensemble des équipes va se démener pour accompagner les entrepreneurs les plus fragiles d’entre eux à passer cette crise sans précédent. On ose leur dire que si les choses sont vraiment très compliquées, il vaut mieux arrêter aujourd’hui que de de s’entêter à repartir mais la perspective d’une défaillance massive n’est pas supportable, ni acceptable », justifie-t-il en reprenant les mots de Frédéric Lavenir, président de l’Adie, en préambule du « Plaidoyer pour une relance inclusive ». « Il n’est ni supportable ni acceptable que tant de projets et d’espoirs portés se terminent par un échec immérité. Ni supportable ni acceptable que ces services rendus, cette richesse créée au profit de tous, disparaissent purement et simplement. Ni supportable ni acceptable que la dynamique d’inclusion et de participation active au bien commun s’interrompe et se transforme en déception, en amertume et en exclusion. »