« Un coup d’arrêt brutal, un choc. » Avec les mesures de confinement adoptées ces derniers mois pour freiner la propagation de l’épidémie, le secteur événementiel a été l’un des plus sévèrement touchés par les répercussions de la crise sanitaire. « Nous avons été, avec le tourisme, l’hôtellerie et la restauration, les premiers à être aussi brutalement impactés et nous serons les derniers à repartir », témoigne Anne-Marie Baezner, directrice générale des sites lyonnais de GL events (Eurexpo, La Sucrière, Centre des congrès de la cité internationale, Matmut Stadium). Si la plupart des secteurs d’activités reprennent petit à petit ces dernières semaines, l’événementiel est tenu, de son côté, par un décret qui interdit l’organisation de manifestations avec plus de 5000 personnes, jusqu’au 31 août. « On considère donc qu’il n’y aura plus d’interdiction à partir du 1er septembre. On a donc anticipé pour faire en sorte que nos événements reportés soient reprogrammés sur ce dernier quadrimestre à partir de septembre, dans le respect des normes sanitaires », expose Anne-Marie Baezner.
–55% de chiffre d’affaires au premier semestre
Les positions gouvernementales sur le sujet, jugées plutôt floue jusqu’alors, comme en témoigne la réouverture polémique du Puy du Fou en juin dernier, se sont éclaircies ces derniers jours. Suite aux revendications de l’UNIMEV (Union française des métiers de l’événement qui rassemble 400 acteurs du secteur), qui appelait l’exécutif à « la réouverture des parcs d’expositions au plus tard le 1er septembre », l’Elysée a confirmé que les salons, foires, congrès et autres grands événements pourront reprendre à compter de cette date-là. Une reprise vivement attendue par les acteurs de la filière évenementielle. GL events, leader mondial du secteur, doit en effet composer avec une baisse de chiffre d’affaires de 55% sur l’ensemble du premier semestre 2020. La perte nette du groupe devrait être de l’ordre de 30 millions d’euros au 30 juin 2020, de quoi porter le plan d’économies du groupe d’Olivier Ginon à 90 millions d’euros (deux fois plus important que la première version présentée fin mars).
« On attendait juste que le gouvernement nous donne le feu vert, on est tous prêts, prêts pour cette relance », soutient Anne-Marie Baezner. La directrice de la bannière « Lyon for events » (62,9 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019), qui regroupe les quatre sites lyonnais du groupe GL events, s’attend de son côté à une baisse « entre –30% et 40% du chiffre d’affaires à année équivalente » (les années paires sont seulement comparées avec les années paires chez GL events, de même pour les années impaires). Elle soutient le rôle majeur des salons, foires et congrès dans la relance de l’économie locale. « Les salons d’Eurexpo ont généré 700 millions d’euros de retombées économiques pour la Métropole l’année passée. Ces salons seront l’un des piliers de la relance économique. Ils sont attendus par tout un écosystème autour de nous, les hôtels, restaurants, sous-traitants,… »
« Ré-impulser cette dynamique de salons à Lyon »
Les équipes de GL events se préparent ainsi pour la tenue de plusieurs événements grand public pour la rentrée comme la Foire de Lyon (8–12 octobre), Equita (28 octobre-1er novembre) ou le Sirha Green (6–8 septembre). « Il est essentiel de ré-impulser cette dynamique de salons à Lyon, avance Marie-Odile Fondeur, en charge de la division Food au sein de GL events Exhibitions et responsable du salon dédié au food service responsable. On accueillera tous les visiteurs qu’on peut accueillir sur trois jours dans le respect des normes sanitaires. L’idée, c’est aussi de regarder vers 2021 et d’être prêt pour le Sirha généraliste qui se tiendra en janvier. »
Le groupe présidé par Olivier Ginon s’est préparé avec des mesures et dispositifs spécifiques pour accueillir ses prochains événements en toute sécurité sanitaire (port du masque, distribution de gel-hydroalcoolique, nettoyage renforcé, ventilation renforcée, gestion des flux, parcours en sens unique, distanciation physique, signalétique au sol,…). « Ce sera plus sécurisant d’aller à Eurexpo que d’aller à Monoprix », expose, sourire aux lèvres, Anne-Marie Baezner. La directrice des sites lyonnais de GL events confie avoir travaillé sur la gestion du Covid-19 « avec le même niveau d’engagement et d’application » que lors des attentats terroristes de 2015. « On regarde où sont les dangers, on organise le parcours du visiteur, la gestion des flux. La reprise après les attentats avait été plus rapide, avec cette crise sanitaire, le retour à la normale est bien plus lent. On espère pouvoir avoir un retour à la normale pour 2021 », conclut-elle, résolument optimiste.