Comme souvent avec Alain Thébault, tout commence avec un Caran d’Ache. Après avoir participé, en compagnie d’Eric Tabarly, à la conception de l’Hydroptère dans les années 90 (à bord duquel il a battu plusieurs records de vitesse à la voile entre 2007 et 2009), l’architecte naval a repris ses crayons et dessine depuis 2015, les contours de ses SeaBubbles. Soutenu dans ce projet par ses trois filles, le navigateur développe son concept de bateaux-taxis à propulsion hydrogène, capables de voler à 40 ou 50 km/h au-dessus de l’eau grâce à la technologie des foils. De quoi éviter ainsi le mal de mer, le bruit ou le roulis des vagues.
Avec ces bulles volantes de quatre mètres de long pour deux mètres de large (quatre passagers à bord), Alain Thébault mise ainsi sur les voies fluviales, « trop souvent délaissées par les grandes villes dans les problématiques de mobilité et transport ». Et le projet séduit : la société vient d’enregistrer ses cinq premières commandes (Lyon, Cassis, Paris, Nantes et Genève) et compte parmi ces premiers clients, la région Auvergne-Rhône-Alpes, très axée sur le développement de la filière hydrogène depuis l’élection de Laurent Wauquiez en 2015. La région regroupe aujourd’hui 80% des acteurs français de la filière (Symbio-Michelin, Solvay, Engie, Air Liquide,…) et s’impose comme « l’axe majeur en matière d’hydrogène en Europe » selon Alain Thébault. De quoi pousser ce Breton de 58 ans à transférer récemment son siège social de la Suisse à Lyon et son bureau d’études à Annecy, au bord de l’eau.
« Je veux créer des emplois à Lyon »
Avec un prix fixé à 250 000 euros l’exemplaire, les Bubbles suscitent aujourd’hui l’intérêt de plusieurs acteurs de la Métropole. « Nous avons des demandes en propriété partagée, entre plusieurs institutions ou grandes entreprises dont les sièges ou bureaux sont au bord de l’eau, comme la Région, Solvay ou encore Euronews », détaille Alain Thébault. Fier de cet envol, le navigateur voit désormais plus loin et développe en parallèle à ses bulles volantes, des prototypes de bus flottants, toujours à propulsion hydrogène (Hi-bus), pour 12, 32 ou 48 passagers. Des négociations très avancées sont en cours sur le sujet avec San Francisco et Miami tandis que des villes comme Dubai, Monaco ou Helsinki se montrent aussi emballées par le projet. « Si le décollage se confirme avec ces ventes de plusieurs dizaines de bus à San Francisco et Miami, on souhaiterait implanter notre site de production à Lyon sur le site de Solvay pour un projet d’usine 4.0, indique Alain Thébault. Je suis papa de cinq enfants, j’aimerais que tous ces bus puissent créer des emplois à Lyon, pour nos jeunes. Dans le secteur du « Green », nous avons les emplois de demain ».
Côté résultats, l’entreprise table sur un chiffre d’affaires de près de 2 millions d’euros l’an prochain avec la livraison des premières Bubbles commandées. Le groupe prévoit ensuite une forte accélération de l’activité année après année, grâce aux ventes des bus et bulles, dans une vingtaine de « villes cibles », pour atteindre « 25 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, puis 100 millions d’euros d’ici 2029 ». De très belles perspectives de croissances pour Alain Thébault, qui imagine déjà, derrière la mine de son Caran d’Ache, sa prochaine « bubble autonome », capable de venir récupérer et transporter des passagers d’un point à un autre, sans intervention humaine.
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