Près d’un quart de siècle après avoir rejoint la bourse en 1996, la société créée par Bruno Rousset et Xavier Coquard en 1988, a quitté définitivement la cotation le 13 juillet. Epilogue logique du rachat d’April par le fonds d’investissement CVC Capital Partners, un an auparavant. Le retrait aurait pu être plus rapide sans l’épisode Persée Participations.
Montée à 10% du capital d’April, la société de Christian Burrus a, dans un premier temps, refusé d’apporter ses actions à l’OPA simplifiée et demandé à bénéficier d’un siège d’administrateur avant de finir par accepter de vendre sa participation. Dès lors qu’Andromeda Investissements détenait autour de 99% du capital, plus rien ne s’opposait au retrait d’April de la cote. C’est désormais chose faite : « les actions April ont été radiées dans le cadre du retrait obligatoire des actions April non détenues par Andromeda Investissements à l’issue de l’Offre public de retrait ».
Eric Maumy à la manoeuvre
Durant ses 24 ans de cotation, April aura été l’une des belles références lyonnaises. Une valeur qui est montée jusqu’à 46 € en 2007 et dont la vente sur la base d’un cours de 22 € aura aussi permis une belle plus-value par rapport au dernier cours coté. Avec une valorisation de 906 millions € pour un chiffre d’affaires de 1,017 milliard € en 2019 (3 000 collaborateurs présents dans 22 pays), April tire sa révérence à la bourse avec les honneurs.
Certes, dans le secteur, d’autres ventes ont affiché des valorisations supérieures. Mais le prix proposé par CVC Capital Partners anticipait des réorganisations et un recentrage du groupe à venir. Les nouveaux actionnaires s’y sont attelés dès leur prise de fonction. La direction générale du groupe a été reprise dès septembre 2019 par Eric Maumy (photo en tête d’article), arrivé tout droit du courtier Verlingue, en remplacement d’Emmanuel Morandini, mis en place par Bruno Rousset en 2016. Avec un double mot d’ordre : « simplifier et rationnaliser ». April a poursuivi sa politique de cession d’activités non stratégiques, telles que les activités d’assurance voyage. Autour du courtage, les cinq marchés majeurs d’April se nomment : emprunteur, santé prévoyance, pros/TPE, dommage de niches et santé à l’international.
Digitalisation avec Onepoint
Autre priorité aussi, la digitalisation avec un partenariat stratégique signé avec Onepoint pour accélérer la stratégie digitale d’April. A la clé, le lancement d’April X, son hub digital. Fort d’une marketplace en assurance emprunteur, April entend créer une véritable plateforme de distribution digitale. April X aura son siège à Lyon et devrait employer une centaine de personnes à terme.
Tout cela pour un objectif clairement affiché de « développement rentable ». Car, si 2019 a vu le chiffre d’affaires progresser légèrement de 2% en 2019 à 1,017 milliard € (+ 4,4% en proforma) avec une marge brute presque stable à 457 millions (+ 1,3%) et un résultat opérationnel courant en hausse de 12,5% à 87,6 millions, le résultat net lui est très légèrement négatif (- 0,8 million €), loin des sommets auxquels April avait habitué ses actionnaires… Avec, désormais, un fonds d’investissement comme propriétaire, April va vite devoir renouer avec la rentabilité. CQFD.
Trésor de guerre pour Evolem
Quant au holding familial de Bruno Rousset, Evolem, il a récupéré avec la vente de son navire amiral, un beau trésor de guerre de plusieurs centaines de millions d’euros. En une vingtaine d’années, Evolem avait investi près de 200 millions € dans plus d’une trentaine de participations. Avec le produit de la vente d’April, il va pouvoir passer à la vitesse supérieure. Ce à quoi travaille Bruno Rousset et son fils Nicolas qui a repris la direction générale d’Evolem en début d’année.