Du mouvement autour de la reprise de Famar Lyon. Le site créé par Rhône-Poulenc en 1982, aujourd’hui détenu par le fonds d’investissement américain KKR, est placé en redressement judiciaire depuis juin 2019. Menacée de fermeture après le choix de Sanofi d’arrêter toutes ses commandes auprès du site après le 10 juillet prochain, l’usine pharmaceutique, la seule à être enregistrée pour délivrer le marché français en Nivaquine (un médicament contre le paludisme à base de chloroquine), a bénéficié d’un net regain d’intérêt dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19. Si la Nivaquine ne contient toutefois pas d’hydroxychloroquine, le remède cher au professeur Raoult utilisé dans le traitement contre le coronavirus, l’ensemble de la classe politique s’est mobilisé contre la fermeture de l’usine qui emploie 250 salariés (lire dans le N°5 de Lyon Décideurs), avec l’ambition de rebâtir une « indépendance sanitaire » en France.
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Trois offres de reprise ont été déposées devant le tribunal de commerce à la fin mai. Parmi les trois candidats, le groupe industriel libanais du secteur pharmaceutique Benta Pharma Industries, Yves Lambert, pharmacien industriel et ancien directeur du site Famar Lyon (2007–2009) et Frank Supplisson, spécialiste de la reprise de sites en difficulté dans l’industrie sidérurgique notamment. L’homme d’affaires, énarque, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et ex-directeur du cabinet d’Eric Besson au ministère de l’Industrie, a associé sa société Industry au fonds d’investissement familial luxembourgeois Cofilux et à la société pharmaceutique Neovacs pour la reprise du site de Saint-Genis-Laval.
En délibéré au 13 juillet
Présenté comme « l’initiateur du projet de reprise » dans un communiqué publié dimanche, Frank Supplisson assure vouloir « proposer l’offre la mieux-disante socialement » avec le maintien de 150 salariés de Famar Lyon. Le repreneur, associé à ses partenaires financiers, compte « investir massivement » sur le site, à hauteur de 37 millions d’euros en cinq ans avec un soutien de bpiFrance (6,5 millions d’euros), afin « de le redynamiser et d’en refaire un site majeur de l’industrie de la santé et du médicament en France, dans un contexte où ces industries sont appelées à jouer un rôle croissant dans notre économie ». À l’issue de ce plan de reprise, défendu mardi devant le Tribunal de Commerce de Paris, les repreneurs envisagent de faire grimper les effectifs à plus de 400 personnes.
Le Tribunal de Commerce de Paris a ensuite examiné mercredi, l’offre portée par le groupe Benta Pharma Industries. L’industriel libanais est soutenu par KKR, l’actuel propriétaire de Famar, et bénéficie des faveurs des salariés du site même si l’offre semble être la moins-disante socialement. Le Tribunal de Commerce a mis sa décision en délibéré au 13 juillet prochain.