La fin d’un des principaux feuilletons économiques de la région lyonnaise. Le Tribunal de Commerce de Paris annonce ce lundi avoir choisi le groupe industriel libanais Benta Pharma Industries pour reprendre l’usine pharmaceutique Famar Lyon à Saint-Genis-Laval. Le site créé par Rhône-Poulenc en 1982, détenu jusqu’à présent par le fonds d’investissement américain KKR, était placé en redressement judiciaire depuis juin 2019.
Menacée de fermeture après le choix de Sanofi d’arrêter toutes ses commandes auprès du site après le 10 juillet, l’usine pharmaceutique, la seule à être enregistrée pour délivrer le marché français en Nivaquine (un médicament contre le paludisme à base de chloroquine), a bénéficié d’un net regain d’intérêt dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19.
Si la Nivaquine ne contient toutefois pas d’hydroxychloroquine, le remède cher au professeur Raoult utilisé dans le traitement contre le coronavirus, l’ensemble de la classe politique s’est mobilisé contre la fermeture de l’usine qui emploie 250 salariés (lire dans le N°5 de Lyon Décideurs), avec l’ambition de rebâtir une « indépendance sanitaire » en France.

42 millions d’euros investis d’ici à 2026
Deux projets de reprise ont été déposés puis examinés fin juin par le Tribunal de Commerce de Paris. L’offre du groupe industriel pharmaceutique familial Benta Pharma (plus de 600 salariés, 68 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019) a finalement été préférée à celle portée par Frank Supplisson, spécialiste de la reprise de sites en difficulté dans l’industrie sidérurgique notamment, qui s’était associé dans ce projet au family office luxembourgeois Cofilux et à la société pharmaceutique Neovacs.
Dans un communiqué publié ce lundi suite à l’annonce du Tribunal de Commerce, le groupe libanais précise vouloir « redéployer Benta Pharma / Famar en France et en Europe en lui permettant de continuer de servir les clients actuels et historiques du site, en apportant une nouvelle clientèle, et de faire le transfert de technologie de 250 nouveaux produits. » Le groupe, qui met en avant son « expertise développée dans de nombreux domaines pharmaceutiques », avec un circuit de distribution dans plus de 40 pays, indique vouloir « transférer une partie de sa production actuelle et future » sur le site de Saint-Genis-Laval, « en s’appuyant sur l’expertise des salariés de Famar ».
Pour « relancer Famar Lyon », Benta prévoit ainsi un investissement de 42 millions d’euros et la sauvegarde de 115 salariés (sur 250, l’offre la moins-disante socialement entre les deux projets de reprise), avec une perspective d’embauche de près de 270 salariés à l’horizon 2026.
« Nous sommes très heureux de reprendre le site de Famar Lyon pour le redéployer en Europe comme un laboratoire majeur de l’industrie pharmaceutique. Benta Pharma offrira toutes les synergies commerciales et les expertises nécessaires en s’appuyant sur les équipes existantes et tout l’écosystème de l’industrie pharmaceutique de la région lyonnaise et française », se réjouit Bernard Tannoury, président directeur général du Groupe Benta.