C’est le nouveau maire de Lyon, Grégory Doucet, qui a mis le feu aux poudres dès la semaine dernière avant même d’être officiellement intronisé. Dans un entretien accordé à La Stampa, le 1er magistrat lyonnais EELV a défendu l’idée, concernant la Liaison à grande vitesse -LGV- Lyon-Turin, de « ne pas insister sur un projet erroné. C’est le pire choix ». Et d’estimer que la ligne existante du Mont-Cenis (tunnel datant de 1871, soit 150 ans d’existence) suffisait. La réplique du Comité pour la Transalpine ne s’est pas faite attendre. « Non, on ne peut pas utiliser l’existant », réplique Stéphane Guggino, son Délégué général. Et de préciser que, tant en termes de saturation que de sécurité, la ligne ancienne ne fait pas l’affaire. Car l’objectif est bien toujours de mettre 1 million de poids lourds sur des rails pour lutter contre l’asphyxie des vallées alpines et réduire la pollution.
Si la Cour Européenne des Comptes a regretté récemment les retards pris sur le dossier Lyon-Turin, ce n’est pas tant pour le remettre en cause que pour presser les Etats français et italien d’accélérer le mouvement. Et ce, d’autant plus que l’Union européenne a fait savoir depuis l’an dernier qu’elle est prête à financer 55% du tunnel international de 57,5 km estimé à 8,6 milliards € (contre 40% précédemment) ainsi que 50% des voies d’accès, tant côté italien (1,9 milliard €) que côté français (7,7 milliards ou 5 milliards dans une version plus sobre sur le plan technique). Alors que trois tunnels de nouvelle génération ont été percés en Suisse et un en Autriche, le tunnel franco-italien est toujours à la traine. On sait aussi que l’abandon du Lyon-Turin s’avèrerait aujourd’hui, in fine, aussi coûteux si ce n’est plus, que sa poursuite.

Cohérent avec Green deal
Les défenseurs du projet ne manquent pas de rappeler que la liaison à grande vitesse Lyon-Turin avec une forte dominante fret, montre toute sa pertinence dans le cadre du « Green deal » de la Commission européenne. Et qu’historiquement, de nombreux écologistes y étaient favorables (sur la dimension fret).
Dès samedi, Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports, a répondu au maire de Lyon dans les colonnes de la Stampa : « Le Lyon-Turin est fondamental pour la transition écologique. Le trafic routier a des répercussions néfastes dans les vallées alpines très sensibles à la pollution atmosphérique. La ligne historique ne répond pas aux objectifs d’une ligne efficace ».
La nouvelle ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, qui a appartenu au même parti que Grégory Doucet et Eric Piolle avant de se rallier à Emmanuel Macron en 2017 va vite être confrontée à ce dossier brûlant. Si le soutien des maires de Lyon et Grenoble pour un tel projet est important, il ne devrait pas pour autant le bloquer. Il faudra simplement que la Région Auvergne-Rhône-Alpes, les départements concernés et la Ville de Chambéry revoit à la hausse leur apport pour compenser l’éventuelle absence de contribution lyonnaise et grenobloise.