La fin du désordre. Neuf mois après le lancement de l’appel à projets trottinettes par la Ville de Lyon, les deux opérateurs retenus, Dott et Tier, s’apprêtent à disposer leurs engins aux quatre coins de la ville. Choisis par le nouvel exécutif municipal début juillet, parmi treize opérateurs candidats, les deux lauréats ont été « sélectionnés pour leur ambition écologique et l’équilibre des services proposés », indique-t-on du côté de la mairie. À partir de mardi et pour deux ans, Dott et Tier, bénéficieront donc du droit exclusif d’opérer à Lyon.
Deux implantations différentes
« Cette nouvelle vient récompenser l’énorme travail réalisé par notre équipe depuis notre arrivée à Lyon. Nous sommes très heureux d’obtenir la reconnaissance de la mairie avec laquelle on a travaillé pendant tout ce temps », se félicite Manon Pagniez, responsable des opérations chez Dott Lyon. L’opérateur de micromobilité franco-néerlandais (implanté dans 5 pays et 14 villes) est présent à Lyon depuis avril 2019 et emploie 35 personnes, à temps plein sur son pôle lyonnais (65% de CDI). « Dès le premier jour, on a internalisé nos équipes. Nous avons à Lyon une équipe managériale qui gère le terrain, nos propres chauffeurs, mécaniciens et des entrepôts de 2000m2 à Villeurbanne où l’on gère l’intégralité de la maintenance et de la recharge », poursuit la responsable lyonnaise.
De son côté, Tier effectue son grand retour entre Rhône et Saône. Quatrième opérateur à s’installer à Lyon en février 2019, la start-up allemande (présente dans 9 pays et 70 villes) a finalement choisi de quitter la ville six mois plus tard. « Il y avait clairement une saturation du marché à ce moment-là, avec de mauvais comportements des opérateurs qui ont donné une image négative de la micromobilité, justifie Sylvain Martin, directeur régional chez Tier. On ne voulait pas être mêlés à cela, alors on a préféré se retirer et revenir lorsqu’il y aurait un éclaircissement de l’offre avec cet appel à projets qu’on savait arriver dans les mois à venir. »

Respect environnemental
Les deux sociétés, également retenues avec Lime dans l’appel à projets parisien, font du respect des questions environnementales l’une de leurs priorités. « À Lyon, nous avons été les premiers à passer sur des batteries amovibles, qui réduisent énormément les flux logistiques, les premiers à utiliser des énergies renouvelables pour nos opérations de recharge, et les premiers à utiliser des véhicules électriques pour toute notre logistique », détaille Manon Pagniez. Les mêmes efforts sont fournis par Tier qui se revendique être « le seul opérateur de micromobilité 100% climatiquement neutre ». « Tout ce qu’on n’arrive pas encore à réduire, on le compense. En 2020, pour l’ensemble de l’entreprise, on a planté l’équivalent de 25 000 terrains de football d’arbres pour compenser notre impact », précise Sylvain Martin.
Les deux entreprises, aux modèles assez similaires, ont d’ailleurs récemment signé un accord sur des règles sociales et environnementales à respecter pour garantir la pérennité de ce nouveau secteur industriel. « Nous sommes très heureux d’avoir été choisis avec Dott, on s’entend très bien », souligne-t-on chez Tier. Cette nouvelle concurrence saine, permet aux responsables des deux start-up de peaufiner leur stratégie lyonnaise. « Notre meilleur atout, c’est notre équipe qui connaît très bien la ville et ses points clés, note Manon Pagniez. On a beaucoup d’avance sur ce domaine et cette expérience devrait nous aider dans les premiers mois. » Pour rattraper son retard, Tier mise sur un recrutement malin dans la constitution de son pôle lyonnais. « Nous sommes en discussion avec les opérateurs sortants (Lime, Bird, Voi,…) pour essayer de sauvegarder des emplois qu’ils avaient créés sur site, témoigne Sylvain Martin. Et de la même manière, on discute avec eux de la reprise de leurs entrepôts à Villeurbanne ou Vénissieux. »
Stationnement dédié dans les prochains mois
Plusieurs formules d’abonnements ou packs, « pour différencier l’utilisateur régulier du touriste occasionnel » sont déjà mises en place ou devraient être prochainement lancées par les deux opérateurs. Des discussions avec le Sytral et plusieurs municipalités de l’agglomération sont en cours des deux côtés pour « avoir la couverture géographique la plus importante possible et offrir ainsi un service un service de mobilités pour tous ».
Reste encore à gérer l’épineuse question du stationnement des engins pour les deux jeunes start-up. La Ville de Lyon a récemment annoncé qu’elle prendrait « des arrêtés pour aménager, avec la Métropole, du stationnement dédié pour les trottinettes. » Ces emplacements réservés seront majoritairement situés en amont des passages piétons. « Les services de la ville de Lyon et les deux entreprises retenues travailleront de concert pour retenir les zones de stationnement idéales, en lien avec les mairies d’arrondissement et permettre le début des travaux », complète-t-on du côté de la municipalité. De quoi mettre un terme aux trottinettes disséminées partout dans la ville.
Une initiative saluée par les deux opérateurs choisis à Lyon. « Avec tous les opérateurs présents à Lyon, on comptait entre 8000 et 9000 véhicules dans la ville en 2019. Il n’y en aura désormais plus que 4000. Il y aura donc moins de désordre, donc moins de plainte et un meilleur service avec les emplacements de stationnement », se réjouit-on chez Dott Lyon.

Entre 20 000 et 25 000 trajets quotidiens
Avec la baisse considérable du nombre de trottinettes en libre-service dans l’agglomération lyonnaise, l’entreprise franco-néerlandaise s’attend à un certain regain d’activité. « On espère passer de 5 à 8,9 ou 10 courses par jour par trottinette », avance Manon Pagniez. De quoi réaliser entre 16 000 et 20 000 trajets quotidiens sur le territoire. La société ne préfère communiquer aucune estimation sur le chiffre d’affaires prévu à Lyon sur les deux prochaines années et planche, en parallèle, sur le lancement de son vélo électrique, prévu courant 2021, qui pourrait « potentiellement arriver à Lyon selon l’avancée des discussions avec la Mairie ».
Les objectifs sont légèrement moins ambitieux du côté des concurrents. Sylvain Martin : « Ce qu’on cherche avant tout, c’est la rentabilité. On aimerait que nos véhicules soient utilisés plus de 3 fois par jour en moyenne (plus de 6000 trajets quotidiens) mais ça peut être mieux. » Pas d’estimation communiquée là non plus sur le chiffre d’affaires des deux années à venir : « On n’a pas opéré à Lyon depuis plusieurs mois donc il nous manque plusieurs données comme la durée moyenne d’un trajet. » Après avoir été retenu à Lyon et Grenoble, Tier entend renfoncer son ancrage régional à Annecy, Saint-Etienne ou encore Valence pour « faire d’Auvergne-Rhône-Alpes un pôle très fort dans notre développement. » La première étape de ce plan commence ce 1er septembre.