Le Match : Sofi­tel / InterCon­ti­nen­tal, l’hô­tel­le­rie de luxe face à la crise

Coupés dans leur élan par la crise sanitaire et les mesures de confinement, les deux hôtels 5 étoiles de la Presqu’île ont dû fermer leurs portes pendant plusieurs mois. Ils comptent aujourd’hui sur la reprise d’activité dans l’agglomération lyonnaise pour limiter les pertes dans cette « annus horribilis » pour le secteur hôtelier.

Jacques Bour­gui­gnon – Direc­teur géné­ral Sofi­tel Lyon Belle­cour

Fermé depuis le 17 mars, le Sofi­tel Lyon Belle­cour a réou­vert ses portes début septembre. L’hô­tel, installé sur les bords du Rhône depuis 1969 (135 chambres, 142 sala­riés), a profité de cette pause forcée pour réor­ga­ni­ser sa restau­ra­tion. Il a reçu le label “All Safe”, octroyé par le bureau Veri­tas à tous les établis­se­ments du groupe Accor en cette période épidé­mique.

Made­lijn Vervoord – Direc­trice géné­rale InterCon­ti­nen­tal Lyon – Hôtel Dieu

Inau­guré en juin 2019, l’In­terCon­ti­nen­tal Lyon (144 chambres, 150 sala­riés) a vécu douze premiers mois parti­cu­liè­re­ment agités. Niché au coeur du Grand Hôtel-Dieu, l’éta­blis­se­ment situé face au Rhône a fermé ses portes en mars dernier, avant de faire partie des premiers acteurs du secteur hôte­lier à Lyon à réou­vrir mi-juin.

La ferme­ture

Le souve­nir de la ferme­ture du Sofi­tel Lyon Belle­cour est encore vif pour son direc­teur Jacques Bour­gui­gnon. « On a fermé d’une façon brutale, sans savoir quand on allait pouvoir reprendre. On n’ima­gi­nait pas à cette période que ça dure­rait si long­temps. » Si l’hô­tel est resté fermé pendant cinq mois et demi, le person­nel de l’éta­blis­se­ment a multi­plié les forma­tions et réunions pour permettre au Sofi­tel d’ob­te­nir le 31 août dernier, le label « All Safe », décerné par le Bureau Véri­tas, gage de sécu­rité sani­taire dans cette période épidé­mique.

La réou­ver­ture

En lien avec la stra­té­gie du groupe Accor, le Sofi­tel a réou­vert ses portes bien plus tardi­ve­ment que ses concur­rents lyon­nais. « Notre clien­tèle est à 50% française et à 50% étran­gère avec des Améri­cains, des Asia­tiques et des Moyen-Orien­taux, mais cette clien­tèle-là ne voya­geait pas et côté busi­ness, on n’avait aucune visi­bi­lité sur les sémi­naires. » L’hô­tel a réou­vert l’en­semble de ses chambres à partir de septembre, avec une nouvelle offre de restau­ra­tion « Bistrot Gour­mand » pour le déjeu­ner, au huitième étage du bâti­ment, en alter­nance avec le restau­rant étoilé « Les Trois Dômes », ouvert le soir.

Les pers­pec­tives

Diffi­cile pour Jacques Bour­gui­gnon d’émettre des hypo­thèses sur un retour à la normale. « Il faut être très prudent dans les prévi­sions, la situa­tion évolue chaque semaine. Aujourd’­hui, on imagine retrou­ver les niveaux d’ac­ti­vité de 2019 (15 millions d’eu­ros de chiffre d’af­faires) pas avant fin 2021/début 2022. » Avec un taux d’oc­cu­pa­tion de 30% pour septembre et une acti­vité péna­li­sée par le manque de salons ou sémi­naires, le Sofi­tel mise sur la restau­ra­tion (47% du chiffre d’af­faires) pour limi­ter la casse. « On est très atta­ché à notre clien­tèle lyon­naise et nous avons pu voir lors de la réou­ver­ture que l’hô­tel est resté dans le coeur des Lyon­nais grâce à sa gastro­no­mie notam­ment. »

La ferme­ture

« L’image pour moi, c’est celle du TGV lancé à fond qui doit s’ar­rê­ter d’un seul coup. » Les mots choi­sis par la direc­trice de l’In­terCon­ti­nen­tal Lyon, Made­lijn Vervoord, sont lourds de sens. Neuf mois seule­ment après son inau­gu­ra­tion, l’hô­tel a été contraint de fermer ses portes pendant trois mois. « On carton­nait depuis l’ou­ver­ture donc ça nous a fait un choc. Je conti­nuais de venir à l’hô­tel pendant le confi­ne­ment et voir tous ces espaces éteints, c’était assez irréel comme sensa­tion.  »

La réou­ver­ture

L’In­terCon­ti­nen­tal a réou­vert ses portes à la mi-juin, en avance sur ses prin­ci­paux concur­rents. « C’était un gros pari puisqu’on n’avait aucune visi­bi­lité sur l’ac­ti­vité et zéro porte­feuille en terme de réser­va­tion de chambre. Mais il était impor­tant de parti­ci­per à la dyna­mique écono­mique », justi­fie la direc­trice. L’hô­tel, qui accueille en temps normal entre 60 et 70% d’étran­gers (Améri­cains, Russes, Asia­tiques, Moyen-Orien­taux), s’est davan­tage concen­tré sur la clien­tèle de proxi­mité en ciblant le marché natio­nal et les pays voisins cet été. « Nous avons eu un taux d’oc­cu­pa­tion entre 30 et 35% sur les quatre derniers mois, c’est un bilan plutôt posi­tif. »

Les pers­pec­tives

Si l’ac­cueil de cette clien­tèle loisirs pendant les vacances a permis à l’hô­tel de limi­ter les pertes finan­cières, l’ab­sence du tourisme d’af­faires à Lyon, faute de salons et congrès, reste très péna­li­sante pour l’In­terCon­ti­nen­tal (16 millions d’eu­ros de chiffre d’af­faires prévu avant Covid pour sa première année complète). « On sait que sur les six, sept prochains mois, ce sera très compliqué à ce niveau. On commence à avoir des demandes pour des gros événe­ments ou sémi­naires à partir du deuxième trimestre 2021 seule­ment. » L’éta­blis­se­ment, plus dépen­dant de sa clien­tèle étran­gère et donc du trafic aérien, ne mise pas sur un retour à la normale avant 2023.

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