Jusqu’à mars 2020, tout allait bien pour OL Groupe qui se dirigeait vers un exercice record. Un chiffre d’affaires global en hausse de 19% sur neuf mois . Un excédent brut d’exploitation -EBE- qui grimpait de 24%. Et puis, la crise sanitaire et l’arrêt des compétitions mi-mars ont fait chuter l’activité de 93% au dernier trimestre de l’exercice 2019/2020 (clos le 30 juin). Au final, sur l’ensemble des douze mois, l’OL affiche un chiffre d’affaires (total des produits d’activités, y compris les ventes de joueurs) de 271,6 millions en repli de 12% avec un EBE de 45,9 millions en chute de 40% et un résultat net qui plonge dans le rouge de 36,5 millions € (contre 6,2 millions de bénéfice en 2018/2019).
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Jean-Michel Aulas évalue le manque à gagner à 100 millions €, dont 50 millions de pertes de recettes hors trading (billetterie, droits télé, événementiel, etc) et 50 millions sur le trading joueurs (perdus avant la clôture de l’exercice au 30 juin 2020, du fait du décalage du mercato dont la fin a été repoussée au 5 octobre).
La répartition de l’activité du groupe montre toutefois que le produit de cessions des joueurs a rapporté 90,9 millions € (acquis au 31 janvier 2020), en hausse de 3% par rapport à l’exercice précédent, tandis que le produit des activités classiques chute, lui, de 18% à 180,7 millions €. Certes, l’OL a bénéficié, comme tous les clubs de Ligue 1, d’une aide exceptionnelle de la LFP à hauteur de 12,9 millions € (qui viendra en déduction des droits TV à venir), a engagé une réduction de ses charges de 35 à 40 millions €, porté sa ligne de liquidité (RCF) à 130 millions €, activé les reports de charges mais aussi le dispositif PGE (92,6 millions €).
295 millions € d’endettement
Forcément, l’endettement net de trésorerie (y compris les créances et dettes joueurs) s’accroît lourdement à 295 millions € (157,7 millions €, l’année d’avant). Malgré tout, Jean-Michel Aulas estime que « l’OL dispose de l’une des meilleures structures financières du football européen ». Et, surtout le président lyonnais ne décolère pas contre la décision de la Ligue de football professionnel d’arrêter la saison en avril et de ne pas vouloir la reprendre et la terminer en juin, à l’instar des quatre autres grands championnats européens (Allemagne, Angleterre, Italie et Espagne).
D’où l’action en justice engagée auprès du Conseil d’Etat en urgence (l’OL a été débouté en juin) et sur le fond (l’affaire vient bientôt en jugement). Une nouvelle procédure est évoquée par Jean-Michel Aulas auprès du Tribunal administratif et du CNOSF. « Le Groupe estime que la responsabilité de la Ligue de Football Professionnel et de l’État est engagée et évalue le préjudice subi, objet de la procédure judiciaire en cours auprès du conseil d’État, à 117 M€ », précise le club. Autant dire qu’il réclame plus que l’impact de la crise sanitaire estimé, par lui-même, à 100 millions €.
Privé de toute compétition européenne cette année (pour la première fois depuis 23 ans), l’OL prévoit, à nouveau un exercice dans le rouge en 2020/2021. Il souligne toutefois pouvoir compter, d’ores et déjà, sur « 100 millions € de revenus déjà acquis ». A savoir 25 millions € sur la fin de campagne de la Ligue des Champions 2019/2020 grâce au beau parcours du club arrivé en ½ finale de le Final 8 à Lisbonne, 50 millions € sur le trading de joueurs et 18 millions € sur les droits TV (à condition que l’OL finisse au moins 3e de Ligue 1 cette saison).
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« Deux ans, ce n’est pas trop long »
L’OL table aussi sur de nouveaux partenariats (Emirates jusqu’en 2025) ou contrats renouvelés : Adidas (2025), Mastercard (2023) et Groupama (2022), tout récemment pour le naming du Groupama Stadium. « Renouveler pour deux ans, dans la conjoncture actuelle, c’est bien. Ce n’est pas trop long, cela permet de voir comment va évoluer la situation », précise Thierry Sauvage, directeur général de l’OL. L’ensemble des partenariats pourrait se monter à 36 millions € cette année, soit 15% de plus que le précédent record en année normale. L’OL table aussi sur la reprise des grands événements, avec plusieurs rendez-vous en juin 2021.
A moyen terme, OL Groupe réaffirme son ambition d’arriver à 420–440 millions € de produits d’activité et plus de 100 millions d’excédent brut d’exploitation en 2023 – 2024 (sous réserve d’une maîtrise de la crise sanitaire en 2021), en développant sa stratégie « full entertainement » qui passe par une Arena de 12 à 16 000 places à horizon 2e semestre 2023 (140 millions € d’investissement) avec de 80 à 120 événements par an (concerts, événements sportifs avec grands matchs d’Euroligue de basket et Esport). L’enquête publique est en cours.

« Nous prenons en compte les remarques qui sont présentées. Nous n’avons pas d’inquiétude particulière », indique Jean-Michel Aulas. Avant l’Arena, c’est le centre de loisirs (23 500 m2) qui devrait être livré en février 2021, ainsi que 7 000 m2 de bureaux en avril 2022. Sans compter que l’OL poursuit sa stratégie de déploiement à l’international en Europe (Portugal), Afrique (Sénégal, Maroc), Amérique et Asie avec un Tony Parker, ambassadeur de l’OL pour ces deux derniers continents.
Le rapprochement LDLC Asvel – OL se poursuit, avec la montée en puissance de l’OL au capital du club de basket. De son côté, TP a intégré le conseil d’administration de l’OL, première marche, vers une possible succession de Jean-Michel Aulas à la tête de l’OL, comme l’évoquait Lyon Décideurs dès janvier dernier ? L’actuel président de l’OL ne l’exclut pas. L’intéressé non plus. Reste, dans l’immédiat, à redresser la barre après la tempête de ces derniers mois. Le capitaine n’a pas l’intention, de toute façon, de la laisser à très court terme.