« Le comportement de nos clients évolue énormément, explique Karim Idrissi, patron régional de la Société Générale en Auvergne-Rhône-Alpes. Et les choses se sont encore accélérées avec la crise sanitaire. Nous avons de très gros investissements à réaliser en IT. Nous étions trop dans nos couloirs respectifs. Pour être beaucoup plus fort et avancer plus vite sur le digital, nous devons unir nos forces ». C’est donc au 1er semestre 2023, dans deux ans que la nouvelle banque, issue de la fusion de la Société Générale et du Crédit du Nord, fédération de banques régionales, dont la Banque Rhône-Alpes à Lyon, Nuger en Auvergne et Laydernier dans les Savoies, verra le jour.
Economies sur l’immobilier
A la clé, des économies d’échelle, avec 600 agences en moins au niveau national (de 2 100 à 1500). Difficile, selon Karim Idrissi, d’indiquer combien d’agences vont disparaître dans la région. Pour l’instant, l’addition des deux réseaux représente environ 300 agences (dont 200 pour la Générale et une centaine pour le Crédit du Nord, dont 70 pour la Banque Rhône-Alpes). Clairement, c’est sur l’immobilier que le nouveau groupe bancaire va réaliser des économies. Lorsque dans un périmètre réduit, plusieurs agences des deux réseaux coexistent, surtout lorsque certaines agences sont très petites, il va y avoir des regroupements.
« Mais il n’y aura aucun départ contraint, ajoute Karim Idrissi. Nous travaillons sur un beau projet qui a mobilisé 500 personnes en interne réparties à 50–50 entre les deux entités. Et nous allons investir énormément sur la formation avec un budget en hausse de 40% sur les deux prochaines années. La régionalisation sera très forte avec beaucoup de proximité client au niveau régional et local ».
Même tonalité du côté de Philippe Delacarte, le président de la Banque Rhône-Alpes : « c’est un nouveau modèle de banque que nous inventons. Il combinera la puissance d’une grande banque et celle d’un ensemble de banques de proximité. Nous allons prendre le meilleur des deux modèles pour être sur le podium de la satisfaction client pour les entreprises, les professionnels et les particuliers patrimoniaux ».
Alors que démarre la consultation stratégique auprès des partenaires sociaux, Philippe Delacarte insiste sur « l’organisation qui se voudra résolument décentralisée avec des sièges régionaux renforcés et des décisions en matière d’autorisations de crédit pour l’essentiel prises au niveau régional ».
Fin programmée de la BRA
Sans surprise, c’est au niveau de la Banque Rhône-Alpes que l’inquiétude est la plus grande. « Oui, le projet suscite beaucoup d’émotion et je le comprends du côté des clients et des collaborateurs. En tant que banque, sur le plan juridique, c’est la fin programmée de la BRA. Mais ce à quoi ils tiennent est préservé. Nous avons des défis communs et un projet pour les relever, sans départs contraints, c’est primordial. Il faut bien comprendre que les investissements informatiques à engager, c’est une vraie course à l’armement ». Impensable de les faire séparément.
A l’échelle de toute la France, la nouvelle banque s’appuiera sur 10 millions de clients (auxquels il faut ajouter 5 millions de clients chez Boursorama) dont 1 million en Auvergne-Rhône-Alpes : 800 000 de la Société Générale et 200 000 des trois entités du Crédit du Nord. La Banque Rhône-Alpes emploie 582 personnes, possède 70 agences et compte 150 000 clients. Son PNB (produit net bancaire) s’élève à 133 millions €.