Tribune libre : L’éco­no­mie soli­daire, un nouvel équi­libre pour un demain plus humain

Le tsunami sani­taire a provoqué un choc, tant il était inat­tendu. Soudain, il a fallu s’ar­rê­ter, se mettre à l’abri de la Covid-19, ennemi invi­sible et funeste. Où est l’homme augmenté se masquant et se cachant pour se proté­ger. L’hu­mi­lité, parfois oubliée, a pris une place inat­ten­due.

Comme dans toute crise, l’in­tel­li­gence a suscité des avan­cées en termes de soli­da­rité et du prendre-soin de l’autre. Que de mesures, hier, jugées impen­sables ou irréa­listes, se sont impo­sées. 

L’Eu­rope en crise, une soli­da­rité s’est fait jour, lui redon­nant sa raison d’être et par-là même un avenir. 

La crise fit sortir de l’ombre les invi­sibles, mettant en évidence l’abîme entre eux et nous. Les soignants surent prendre des risques ; ils laissent une ‘pierre blanche,’ à partir de laquelle la Société du prendre-soin se bâtit. 

Que de créa­ti­vité dans le champ écono­mique, témoi­gnant de l’in­tel­li­gence de l’autre avec la loi PACTE, et des dispo­si­tifs comme le livret de déve­lop­pe­ment durable et soli­daire, l’épargne sala­riale et les retraites soli­daires ou des initia­tives, comme l’En­tre­prise des Possibles. 

L’éco­no­mie soli­daire, atten­tive aux impacts sociaux, apporte un soin à la cohé­sion sociale en souf­france. Je relève deux mesures, l’une déjà enga­gée et l’autre en balbu­tie­ment qui toutes deux reposent sur l’idée d’un moins pour un plus, recherche d’un nouvel équi­libre.

1. Moins de charges éner­gé­tiques pour libé­rer un pouvoir d’achat

Le Mouve­ment est déjà très engagé, béné­fi­ciant du soutien appuyé de M. Philippe Pelle­tier, Président du Plan Bâti­ment Durable, créé il y a 10 ans sous l’égide de M. Jean-Louis Borloo.

La dimi­nu­tion des charges éner­gé­tiques, outre qu’elle protège la planète, augmente ipso facto le reste pour vivre, ô combien impor­tant pour les personnes vulné­rables, à l’heure où la grave crise sociale corré­lée à la crise sani­taire, les touche dure­ment.

Le plan de relance de l’Etat prend en compte cette abso­lue néces­sité, une chance pour mettre en œuvre un parte­na­riat public/privé pour aller plus vite et plus loin. La mobi­li­sa­tion des crédits n’est pas une charge mais un inves­tis­se­ment.

2. Moins d’im­pacts fonciers sur le loge­ment social pour plus de finan­ce­ments des mesures d’ac­com­pa­gne­ment

La crise du loge­ment s’ag­grave. Les charges foncières augmentent au sein des grandes métro­poles, d’où un coût du loge­ment – fût-il social – qui fait que les plus pauvres en sont souvent éloi­gnés. Un comble !

Le foncier est une barrière au loge­ment très social, le démem­bre­ment, seul, la lèvera en appor­tant une avan­cée sur

deux plans :

– L’un, pour refu­ser de consi­dé­rer la pauvreté comme une fata­lité. Si l’acte de bâtir est compris comme un acte du prendre-soin, alors il parti­ci­pera à remettre l’homme debout. Là où s’éta­blit la confiance, les rela­tions sont trans­for­mées ; s’éveille alors l’es­time de soi, condi­tion néces­saire pour quit­ter le champ de l’as­sis­tance, non pour la suppri­mer mais la réser­ver là où il y a des périls. Le sans-abrisme est de ceux-là.

  • L’autre, pour entre­voir le loge­ment social, non comme une fin mais un moyen. La variable de l’oc­cu­pa­tion est le temps néces­saire pour que l’oc­cu­pant parvienne à l’au­to­no­mie, dès lors que lui est assu­rée une forma­tion adap­tée à ses poten­tia­li­tés, en vue d’une inté­gra­tion réus­sie.

Assez de ces programmes sociaux qui nécrosent l’ave­nir pour ajou­ter de la pauvreté à la pauvreté. Un échec quasi­ment assuré pour les exilés vers ces loge­ments mais aussi pour la démo­cra­tie. Terrible, cette obser­va­tion que les terri­toires sont perdus pour la Répu­blique. Ce constat ne relève pas d’un trai­te­ment pallia­tif, mais d’un trai­te­ment de choc. L’ha­bi­tat en est la clé et l’usu­fruit le remède.

Alors des foyers fragi­li­sés pour­ront trou­ver place dans des quar­tiers socia­le­ment équi­li­brés. Beau­coup ne demandent pas un loge­ment social défi­ni­tif mais un loge­ment accom­pa­gné, témoin d’un réveil des talents.

L’homme passe l’homme, le croyons-nous vrai­ment.

La prio­rité est moins de charges foncières (d’où l’usu­fruit) pour plus d’in­ves­tis­se­ments au béné­fice de la personne.

Créa­ti­vité et partage sont les chemins d’ave­nir.

Bernard Devert, président-fonda­teur d’Habi­tat & Huma­nisme

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