Les chiffres de l’étude conduite par la direction régionale de l’INSEE remontent à 2018, mais ils montrent une tendance. L’entrepreneuriat féminin progresse lentement. En l’espace de huit ans, de 2010 à 2018, les créatrices d’entreprises sont passées de 32% à 35% du total des créations d’entreprises, laissant la part belle aux hommes à l’origine, quant à eux, des deux-tiers des nouvelles entreprises. Auvergne-Rhône-Alpes représente 12% des créations nationales, soit l’équivalent du poids économique de la région. Et, sans surprise, ce sont les micro-entreprises qui ont le vent en poupe, représentant désormais 66% du total des créations d’entreprises (contre 51% en 2014). Dans les micro-entreprises, 37% des créations sont le fait de femmes (34% en 2010 et 36% en 2014).
Des activités encore largement « genrées »
A retenir de cette étude également : les secteurs d’activité qui attirent le plus les créatrices sont les activités spécialisées, scientifiques et techniques (19 %) puis la santé humaine et l’action sociale (16 %). Ces deux secteurs concentrent un tiers des nouvelles entreprises dirigées par des femmes. En particulier, le conseil en gestion et le conseil en relations publiques et communication totalisent presque la moitié des créations féminines du secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques. Les métiers de ce secteur sont surtout exercés sous le régime de la micro- entreprise (75 % des créations) tandis que pour le secteur de la santé, le statut classique reste la règle (proche des 100 %). Pour les hommes, le premier secteur est celui de la construction (19 %). Les activités spécialisées, scientifiques et techniques suivent avec une part de 16 %. Ils n’exercent cependant pas tout à fait les mêmes activités au sein de ce secteur. Si le conseil en gestion est choisi également par les hommes, ce sont ensuite les études techniques et l’ingénierie qui sont préférées. L’engouement pour le régime de la micro-entreprise est un peu moins marqué, notamment dans la construction, où un bon tiers des créateurs optent pour la forme de société classique.
De nombreuses activités, dont le poids est important parmi les nouvelles entreprises, restent majoritairement genrées. Ainsi, dans les activités du bâtiment (plâtrier, peintre, menuisier et maçon) qui totalisent 8 % des créations d’entreprises, on ne trouve que 2 % de femmes. Chez les livreurs (activités de poste et de courrier), autre métier répandu (5 % des créations), elles ne sont que 6 % et parmi les programmeurs informatiques (2 % des créations), les créatrices représentent seulement 14 %.
Le contraste est moins prononcé parmi les activités féminisées, où les hommes sont présents au moins à hauteur de 16 %, excepté dans les soins de beauté où ils ne sont que 1 %. C’est le cas des infirmiers et sages-femmes, et ensuite des autres activités de « santé humaine non classées ailleurs » comme les psychologues, psychomotriciens, diététiciens, kinésiologues… Les hommes y représentent 18 % des créateurs d’entreprises
Les créatrices sont plus diplômées que les créateurs. Les différences s’expliquent notamment par la nature des principaux métiers exercés. Quatre femmes sur dix possèdent au moins un diplôme de deuxième cycle (exemple majeur des métiers du conseil et de la santé), contre deux sur dix chez les hommes. À l’opposé, quatre hommes sur dix ont au plus un niveau CAP, brevet ou BEP (par exemple dans les activités du bâtiment) contre deux sur dix chez les femmes. Les créatrices investissent un peu moins à la création que leurs homologues masculins. 58 % dépensent moins de 1 000 euros contre 51 % pour les hommes. Inversement, elles ne sont que 13 % à dépenser plus de 16 000 euros, contre 16 % chez les hommes. Il faut cependant noter que les moyens engagés dépendent surtout du secteur d’activité et de la catégorie juridique. Ainsi, 68 % des entreprises individuelles débutent avec moins de 1 000 euros alors que ce n’est le cas que de 11 % des sociétés.