Si l’appareil productif du secteur du BTP a été préservé l’an dernier grâce à toutes les mesures mises en place par le gouvernement, voici qu’une nouvelle difficulté surgit depuis plusieurs semaines. A savoir une importante hausse des prix des matériaux utilisés sur les chantiers, notamment l’acier. Des hausses qui atteignent jusqu’à 40%, voire 50% par rapport à fin 2020, dans certains cas. D’autres matériaux suivent cette tendance et connaissent même des ruptures d’approvisionnement : le bois de structure et les plastiques.
Le secteur fait face à deux difficultés majeures. Les entreprises sont confrontées à la réalisation de chantiers avec des coûts de matières non réévaluables, donc à perte, et elles risquent de subir des pénalités de retard, faute d’approvisionnement de certains matériaux. Une situation intenable pour des entreprises qui ont, globalement, enregistré un recul d’activité de l’ordre de 15% en 2020.
Sensibiliser les donneurs d’ordres
« Cette double peine est inacceptable et nous conduit à demander un rééquilibrage des relations entre tous les acteurs de la construction, explique Samuel Minot, président de BTP Rhône et Métropole. La solution pour répondre à ce problème d’évolution des prix des matériaux est impossible à mettre en œuvre tant que les maîtres d’ouvrage refusent de l’appliquer : il s’agit des clauses d’actualisation et de révision des marchés ».
Au niveau national, la FFB (Fédération française du bâtiment) demande donc au ministre de l’Economie de « rappeler que l’indexation des prix des chantiers n’est pas une option. La révision des prix est nécessaire et doit être rendue obligatoire par voie d’avenant lorsqu’aucune clause n’est prévue dans un marché ».
Sans compter qu’au-delà de la hausse des prix, apparait aussi un déséquilibre de l’offre et de la demande avec les Etats-Unis et la Chine qui ponctionnent largement, à eux deux, le marché mondial (au détriment de l’Europe) provoquant un allongement des délais de livraison (multipliés par 2 ou 3), donc un freinage de l’activité avec des décalages de plannings. Pas question, pour les entreprises du BTP, de se trouver confrontées à des pénalités de retard. D’où une autre demande à Bercy consistant à suspendre les éventuelles pénalités de retard qui pourraient être réclamées aux entreprises. Pour ce faire, le BTP demande de rétablir les dispositions instituées par les ordonnances adoptées lors du 1er confinement au printemps 2020.
L’action engagée au niveau national par la FFB auprès de Bercy est relayée également au niveau européen car le problème est, bel et bien, planétaire et lié aux suites de la crise sanitaire. A l’échelle locale, Samuel Minot a écrit à tous les donneurs d’ordres pour les sensibiliser. Et demander aussi aux collectivités locales d’accélérer franchement la délivrance des permis. Dans cette même logique, BTP Rhône et Métropole de Lyon réitère sa proposition de mettre en place un « permis déclaratif » pour toute opération réalisée sous permis d’aménager ou en zone d’aménagement concerté.