« Les acteurs non digitaux n’ont pas d’avenir ». Eric Maumy, directeur général d’April, arrivé en septembre 2019 après le rachat par CVC Capital Partners de l’entreprise créée trente ans plus tôt par Bruno Rousset, a fait de la digitalisation de l’entreprise à marche forcée la dominante de son plan stratégique.
Et ce, en même temps, qu’il engageait la transformation en profondeur d’April, la recentrant sur ses cœurs de métiers et revendant 14 entités, dont des compagnies d’assurance (Axeria Prévoyance, Axeria IARD). Une stratégie payante puisque, dès 2020, sur son nouveau périmètre réduit, April affiche une croissance de 6% à 516 millions € avec 2 300 salariés.
Sur les cinq marchés stratégiques du groupe prévoyance santé des particuliers ; santé prévoyance pour les TPE, TNS et professionnels ; assurance des emprunteurs ; niches dommages (plaisance, professionnels de l’immobilier, deux roues) ; international santé, April accélère sur la conquête de nouveaux clients et la satisfaction client. « L’ambition est d’atteindre le niveau des meilleurs en termes d’expérience client, précise Eric Maumy. Cela se mesure autour du NPS (Net promoter score) : il est passé de 7 à 17 points l’an dernier. Et nous visons un NPS de 30 points en 2023 ».
40 millions € investis
Quant à la digitalisation, elle se traduit, entre autres, par la création d’un hub dédié April X et des investissements à hauteur de 40 millions € dans les systèmes d’information. Après s’être occupé du front et du back office, April entend bien exploiter à fond la data.
Eric Maumy s’est inspiré de ce qu’il a vu en Asie : une transformation complète en jouant la carte de la data. « L’ambition d’April, c’est d’être la plus grosse assurtech en Europe », précise son directeur général. D’où les recrutements très ciblés engagés depuis septembre : 130 en tout, dont 40 en cours à Lyon et 80 dans toute la France. « On a vraiment changé le visage et le profil de l’entreprise. Avec une croissance organique soutenue, on revient dans le match. Sur le premier quadrimestre de 2021, on affiche une croissance de 9%. Le pari de la transformation est gagné », ajoute Eric Maumy. Une stratégie full online avec l’obligation de « penser digital partout », avec, entre autres, une carte de tiers payant dématérialisée et la possibilité de « tout gérer sur une application, dès cet été ».
Leader du courtage grossiste avec un réseau de 15 000 courtiers partenaires, April peaufine donc son image d’acteur digital, omnicanal et agile. Avec la volonté aussi de retrouver l’esprit de conquête notamment sur le marché de l’assurance emprunteur qui fut la vache à lait d’April dans les années 90 et 2000.
Consolidateur
Challengée depuis quelques années par de nouveaux intervenants, dont Utwin, un pure player créé par Patrick Petitjean, ancien directeur général d’April, l’entreprise lyonnaise annonce la création d’April Reprise. A savoir un service dédié aux assurances de substitution Hamon-Bourquin.
Son objectif est de simplifier la résiliation et le changement d’assurance de prêt immobilier pour les assurés (avec une économie significative à la clé) et les courtiers qui les accompagnent. « April Reprise facilite le traitement des dossiers et se substitue au client dans les démarches à entreprendre auprès des banques, explique April dans un communiqué. Grâce à des outils adaptés, les équipes d’April Reprise proposent un accompagnement fort et pédagogique par téléphone ou chat, avec un suivi en ligne ».
Enfin, April songe également à nouveau à la croissance externe, non pas dans un objectif de course au chiffre d’affaires mais pour « des opérations structurantes dans la tech (NDLR : elle a déjà reprise Eloa et Comparadise fin 2020) ou dans certains pays. Nous étions dans 41 pays, nous sommes revenus à 16 implantations. Nous pourrions procéder à des acquisitions géographiques ciblées ou à des diversifications, mais sans se disperser et toujours avec des courtiers distributeurs. Nous avons la capacité à être un consolidateur », conclut Eric Maumy.