Ils sont heureux de se retrouver dans l’Amphithéâtre de la Cité Internationale pour la première fois depuis plus d’un an. La grande messe de la puissante Fédération française du bâtiment -FFB- s’est réunie, en fin de semaine dernière, dans une jauge de 500 à 800 personnes pour la restitution des états généraux de la construction.
L’occasion de dialoguer aussi avec Grégory Doucet, le maire de Lyon, alors que le gouvernement a décidé de mettre en place une commission présidée par le maire PS de Dijon, François Rebsamen, afin d’identifier et de déterminer les freins à la relance des permis de construire.
Mais si un vent d’optimisme souffle dans le pays depuis quelques semaines avec la levée échelonnée des mesures de confinement, les professionnels du bâtiment qui n’ont pas cessé d’être en première ligne depuis plus d’un an, ne cachent pas leurs inquiétudes.
Logement neuf en panne
Et ce surtout, en raison du choc des matériaux. « Il y a de vraies pénuries dans certains cas et des prix qui flambent, souligne Samuel Minot, président de BTP Rhône et Métropole de Lyon. On sait que cela ne sera pas résolu avant la fin de l’année. Sur les pénalités de retard, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a fait un petit effort, pas suffisant. S’ajoute à cela la pénurie de logements à Lyon, par exemple, avec un PLUH, déjà en cours de révision. Le logement neuf est en panne. C’est la double peine ».
Dans le même temps, le secteur affiche des besoins de main d’œuvre élevés. A l’échelle d’Auvergne-Rhône-Alpes, la filière qui pèse 18 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec 140 000 salariés, a recruté 15 000 personnes en 2020. « Nous avons du travail, des carnets de commandes bien remplis, constate Philippe Lansard, président régional de la FFB. Rien que pour le renouvellement de la pyramide des âges, nous avons 4 700 postes à pourvoir par an. L’an dernier, nous avons recruté 7 200 apprentis, soit une hausse de 8%. Et nous avons du mal à pourvoir les postes. C’est un problème de qualification. On travaille beaucoup avec Pôle Emploi sur les demandeurs d’emploi ».
Coup de pouce pour garder la production
Pour Olivier Salleron, président national de la FFB, qui a pris la suite de l’Isérois Jacques Chanut, voici un an, « le bâtiment va très bien. Nous avons fait ce qu’il fallait. Nous avons fait preuve d’une résilience très forte. Dans cette région, la 1ère après l’Ile-de-France, le travail en équipe a payé : c’est l’humain avant tout ». Sauf que les difficultés du moment pourraient perturber ces belles perspectives. « 30% des chantiers pourraient fermer cet été si on n’arrive pas à surmonter nos problèmes, ajoute Olivier Salleron. Nous avons embauché 48 000 salariés depuis un an en France. Va-t-on annuler ces recrutements ? On risque de mettre un genou à terre. Il faut pallier cette crise, pouvoir faire appel au chômage partiel, comme au cœur de la crise sanitaire. Nous ne sommes pas des fainéants, ni des mangeurs de subvention. On sait juste que le pic de la pénurie, c’est pour la fin de l’année, pas avant. Donc, on a besoin d’un coup de pouce pour garder toute la production ».