En décembre 2015, on parlait déjà de record d’abstention puisqu’à peine 49% des inscrits avaient voté au 1er tour des régionales dans cette nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes. On n’avait encore rien vu puisqu’hier, moins d’un électeur sur trois a accompli son devoir électoral. Encore moins qu’aux municipales de l’an dernier dans la région lyonnaise. Chez les plus jeunes, le taux d’abstention s’approche même de 90%. Dans certaines communes en proie à une forte précarité, l’absention atteint les 80%.
Dans ce contexte particulier, Laurent Wauquiez, président LR sortant a écrasé le match avec un retentissant 43,8%, soit 12 points de plus qu’en 2015. A gauche, c’est EELV qui remporte la primaire face au PS avec Fabienne Grébert qui finit 2e du scrutin avec 14,4% des voix soit deux fois plus que le score réalisé par son parti en 2015 (6,9%). Autant dire que c’est un retour perdant pour la socialiste Najat Vallaud-Belkacem. Le score du PS a été divisé par deux en 5 ans à 11,4%, chemin inverse de celui des écologistes. Quant à la sénatrice PCF, Cécile Cukierman, qui conduisait une liste PCF-LFI, elle retrouve son score de 2015 à 5,5%. Ces trois listes de gauche ont annoncé leur fusion, dès ce lundi en début d’après-midi… comme en 2015. Sauf que, cette fois-ci, l’addition des trois plafonne autour de 31% contre 36% cinq ans auparavant.
La bouderie du clan Collomb
Les deux autres grands perdants sont la RN et LREM. Comme pour le PS, le score de l’extrême droite est divisé par deux à 12,3% (25,5% pour Christophe Boudot en 2015). Quant à LREM et la majorité présidentielle dont c’était la 1ère apparition à un scrutin régional, ès qualité, l’échec est cuisant. Bruno Bonnell (9,87%) loupe d’un peu plus de 2 000 voix la barre des 10% qui lui aurait permis de se maintenir au 2nd tour. Malgré la venue de nombreux ministres, jusqu’au 1er d’entre eux, jeudi dernier, la mayonnaise n’a pas pris, pas plus que le pari du renouveau dans les candidats.
En refusant de prendre des proches de Gérard Collomb sur sa liste, Bruno Bonnell a peut-être payé très cher la bouderie des fidèles de l’ancien maire de Lyon. LREM entraîne dans sa chute les quelques conseillers régionaux MoDem élus avec Laurent Wauquiez en 2015. Décidément, l’onde de choc des municipales et des métropolitaines se fait encore sentir sur la macronie qui enchaîne sur un deuxième échec, même si le score de Bruno Bonnell est plus élevé dans la Métropole que sa moyenne régionale.
C’est donc, à nouveau, une triangulaire qui sera proposée aux électeurs d’Auvergne-Rhône-Alpes pour ce 2nd tour des régionales avec un grand favori, Laurent Wauquiez pour la droite LR, face à Fabienne Grébert et la gauche enfin réunie, tandis qu’Andréa Kotarac pour le RN assurera son retour dans l’hémicycle, cette fois-ci à l’extrême droite de l’échiquier. Y aura-t-il un sursaut de la participation dimanche prochain ? Il faut l’espérer, mais rien n’est certain. En l’absence de risque RN et faute de pouvoir voter pour leur liste, nombre d’électeurs de la majorité présidentielle pourraient être tentés par l’abstention, à leur tour.
Match Bertrand-Wauquiez avec Barnier en arbitre ?
Quant à Laurent Wauquiez, auteur avec Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France, du meilleur score à droite, il aura son mot à dire dans la désignation du candidat LR pour la prochaine présidentielle. On sait combien les présidents d’Auvergne-Rhône-Alpes et des Hauts-de-France se détestent cordialement.
Le 1er n’a pas pardonné au 2nd d’avoir quitté les rangs de LR alors qu’il en était le président. Nul doute qu’il fera tout pour qu’il ne devienne pas le candidat soutenu par LR. Le soutien apporté par Michel Barnier à Laurent Wauquiez en fin de semaine dernière, n’a rien d’anecdotique de ce point de vue. Surtout quand on se souvient de l’amertume de Michel Barnier vis-à-vis d’un Nicolas Sarkozy ayant préféré donner l’investiture des régionales au Maire du Puy plutôt qu’à lui-même en 2015. Entre temps, le Monsieur Brexit de l’Union européenne s’est occupé pendant 5 ans… Il revient dans la politique nationale et ne cache pas ses ambitions présidentielles. S’il n’est pas en capacité de concourir en 2022, Laurent Wauquiez préférera, à tout le moins, soutenir Michel Barnier que Xavier Bertrand. Après avoir assuré brillamment la réélection de ses barons régionaux, la droite va plonger, à nouveau, dans l’épineux problème de la désignation de son candidat à la présidentielle.