En prenant la suite de son père, Jacques Moyrand, qui prend du recul après 25 ans à la présidence de Gattefossé (116 millions d’euros de chiffre d’affaires, 320 collaborateurs), Ségolène Moyrand-Gros perpétue et renoue, à la fois, avec la tradition familiale. Perpétue car elle représente la cinquième génération de la famille fondatrice à la tête du fabricant d’ingrédients pour les industries cosmétique et pharmaceutique.
Et renoue car elle n’est pas la première femme à diriger Gattefossé : avant elle, son arrière-grand-mère Blanche Gattefossé (1885-1975) a piloté l’entreprise installée à Saint-Priest pendant les deux guerres, puis occupé le fauteuil de présidente pendant près de 20 ans à la mort de son époux. « Je ne l’ai pas connue, mais on m’a toujours décrit mon arrière-grand-mère comme quelqu’un de très déterminée », rapporte Ségolène Moyrand-Gros, qui reprend à son compte ce trait de caractère.
« Je suis déterminée, fière et enthousiaste. Ce passage de témoin entre mon père et moi est une décision mûrement réfléchie et préparée de longue date », explique la nouvelle présidente, 40 ans tout juste, qui a effectué toute sa carrière dans l’entreprise familiale. Et sa nouvelle feuille de route est assez simple à résumer : alors que son père a transformé l’affaire familiale en une PME qui distribue ses produits dans plus de 60 pays dans le monde et réalise 75% de ses ventes hors de France, Ségolène Moyrant-Gros a pour objectif de faire passer Gattefossé « du statut de PME exportatrice à celui d’une ETI industrielle implantée dans plusieurs pays ».
Un investissement de 30 millions d’euros
Car Ségolène Moyrand-Gros prend ses fonctions dans une période clé pour le spécialiste de la chimie des lipides et de l’extraction végétale qui affiche, ces dernières années, une croissance régulière de l’ordre de 5% par an.
En plus d’un important plan à 25 millions d’euros pour agrandir et moderniser son site de Saint-Priest au cours des cinq prochaines années, Gatefossé – dont le capital est toujours à 100% aux mains des familles fondatrices – s’apprête à lancer les travaux du plus grand projet de son histoire débutée il y a 140 ans : la construction d’un site de production à 30 millions d’euros au Texas qui doit être inauguré en 2024.
« Cet investissement répond à plusieurs enjeux stratégiques car il nous permet d’accentuer notre présence en Amérique du Nord, d’accroître nos capacité de production mondiale et enfin d’offrir plus de flexibilité à nos clients grâce à une présence sur trois continents si l’on ajoute notre ligne de production de Singapour. C’est donc un projet très structurant », détaille Ségolène Moyrand-Gros. Fournisseur d’entreprises pharmaceutiques et cosmétiques (dont les noms sont gardés secrets), Gattefossé veut croire également à de « belles perspectives » grâce à ses équipes R&D.
Après avoir mis sur le marché son dernier actif cosmétique en avril, le groupe s’apprête à lancer dans les prochains mois trois nouveaux produits sur le marché pharmaceutique.
«Des perspectives prometteuses»
Pour cette prise de fonction, Ségolène Moyrand-Gros sera épaulée par Eduardo de Purgly, le directeur général du groupe depuis dix ans. Elle pourra aussi compter sur le regard de son père, qui conserve la vice-présidence du conseil d’administration. « Il reste à mes côtés, ce qui est rassurant pour moi, tout en me laissant la main sur la direction de l’entreprise », synthétise-t-elle.
Elle pourra aussi s’appuyer sur une bonne connaissance de Gattefossé qu’elle a intégré dès 2006. Titulaire d’un master en business school doublé d’une spécialisation en marketing industriel, elle débute au marketing international avant de devenir responsable communication puis responsable RSE. En parallèle, Ségolène Moyrand-Gros prépare sa future prise de responsabilité à la direction du groupe en complétant son parcours d’un executive MBA à EmLyon qui lui permet d’intégrer le conseil d’administration en 2013, puis le comité de direction en 2019. « Les perspectives de Gattefossé sont prometteuses et je souhaite nous inscrire dans une croissance durable et responsable », conclut Ségolène Moyrand-Gros.
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