Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à l’approche de l’élection du premier secrétaire du PS à Villeurbanne ?
Nous sommes, avec l’équipe qui m’accompagne sur cette campagne, dans un état d’esprit très positif. J’ai entamé cet été un tour de France pour aller à la rencontre des militants et des différentes fédérations. C’est une très belle occasion de débattre qui s’ouvre avec ce congrès, un débat dont on a été privé depuis longtemps au sein du parti.
Pourquoi avoir choisi d’affronter le premier secrétaire sortant Olivier Faure, en poste depuis trois ans. Que lui reprochez-vous ?
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C’est un débat sur le fond qu’on engage. Mon projet est en opposition forte contre la stratégie d’effacement que porte le premier secrétaire et la direction nationale actuelle. Aux élections européennes en 2019, nous avions préféré avoir une tête de liste qui n’était pas socialiste (Raphaël Glucksmann, ndlr). Ces derniers mois, Olivier Faure a passé toute la période de préparation des régionales et départementales à discuter avec les appareils des autres familles politiques, notamment les écologistes. Comme si nous avions peur d’être nous-mêmes, de dire qui nous sommes. C’est là-dessus que nous sommes en désaccord, je porte au contraire un vrai projet d’affirmation pour le parti.
« Depuis trois ans, nous n’avons aucune idée nouvelle ou perspective »
Vous comptez donc remettre le PS au centre du jeu politique ?
Pour beaucoup d’observateurs, le PS s’inscrit désormais dans le passé de notre histoire politique. Mais je mesure au contact de celles et ceux qui sont militants, engagés, qu’il y a toujours cette envie, cette conviction d’être utile. Nous sommes un parti qui a vocation à gérer, aussi bien à l’échelle locale qu’à l’échelle nationale. À nous de l’assumer. Nous devons refaire du PS une force centrale de la gauche. C’est ce que j’expose aux militants et ce projet rencontre une très grande adhésion. Ce congrès permettra de définir une ligne, une orientation pour le parti. Et celles-ci nous donneront une perspective pour revenir devant les Français. L’objectif, ce n’est pas d’exister pour nous-mêmes, mais de porter un projet pour tout le pays.
Que manque-t-il aujourd’hui au parti pour revenir au pouvoir ?
Lorsque nous avions perdu les législatives de 1993, de nombreuses conventions avaient été organisées pour faire un état général de la situation et retravailler sur l’appareil idéologique du parti. Tout cela nous avait permis d’être de nouveau aux responsabilités en 1997 parce que nous avions quelque chose à proposer. Or, depuis trois ans, nous n’avons aucune idée nouvelle ou perspective. Je veux donc remettre le parti au travail, redonner la parole aux militants. L’objectif de ce congrès, c’est de savoir comment on remet le parti en route et comment on le réinscrit à terme comme une force centrale de la gauche. Il faut d’abord dire qui nous sommes pour comprendre sur quels points nous nous retrouvons avec d’autres forces de gauche et pouvoir ensuite réaliser cette union de la gauche qu’Olivier Faure met au préalable de tout. Mais tout cela se fait par étape.
« Anne Hidalgo ne doit pas être un enjeu du congrès »
Vous dénonciez dernièrement des « manoeuvres dilatoires » d’Olivier Faure, qui tente selon vous de lier l’avenir du parti et la désignation d’Anne Hidalgo comme candidate socialiste pour la présidentielle…
Je pense qu’Olivier Faure essaie d’instrumentaliser la candidature d’Anne Hidalgo. Je l’ai déjà dit, c’est une bonne candidate, mais le sujet aujourd’hui, c’est celui du congrès. Le sujet de la présidentielle et de la candidature arrivera plus tard. Anne Hidalgo ne doit pas être un enjeu du congrès. Il faut d’abord réfléchir à l’avenir du parti, nous positionner sur les questions d’écologie, d’éducation, de sécurité, d’économie, de démocratie… En liant sa candidature à la désignation d’Anne Hidalgo pour la présidentielle, Olivier Faure tente une manoeuvre dilatoire pour ne pas répondre sur son bilan.
On vous a vu en juillet dernier à Villeurbanne lors du grand rassemblement socialiste autour d’Anne Hidalgo. Quelle est votre position pour 2022 ?
Ce que j’affirme depuis que j’ai déposé mon texte pour prendre la direction du parti, c’est qu’il y aura un (ou une) candidat(e) socialiste à la présidentielle. Et ce candidat sera désigné par les militants, non pas par je ne sais quel obscur comité des sages. Si je suis premier secrétaire, je mettrais tout en oeuvre pour désigner ce candidat dans les meilleures conditions possibles. Anne Hidalgo est une bonne candidate, mais il faut différencier les temps. Il nous faut d’abord dire qui nous sommes et ce que nous voulons pour le PS. Le temps de la présidentielle arrivera après, c’est pour cela que je ne veux pas que les sujets soient confondus entre la présidentielle et le congrès.
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