En tant qu’ancien président de la Métropole, comment avez-vous perçu cette fronde des 46 maires de la droite et du centre qui se rebiffent contre la majorité écologiste de Bruno Bernard et sa gouvernance jugée « ultra-verticale » ?
Je n’ai pas vraiment été surpris. Je n’avais pas entendu parler de l’organisation de cette affaire, mais je sentais bien monter, à travers mes différents échanges avec des maires de la Métropole – y compris avec certains maires de la majorité – ces tensions, cette frustration et cette impression de ne pas être suffisamment écouté. J’ai quand même été surpris par le nombre de signataires. C’est le signe qu’il y a un vrai problème dans la gouvernance et la façon d’aborder les sujets. Et ces critiques s’adressent au président de la Métropole, mais pas uniquement. Elles portent aussi sur un certain nombre de vice-présidents qui sont dans une forme de rudesse et qui manquent parfois d’humilité. C’est ce que j’ai rappelé lors du dernier conseil métropolitain (le 27 septembre, ndlr), le « dernier mandat pour le climat » ne donne pas tous les droits.
Dans votre intervention, vous avez appelé au calme, tout en incitant Bruno Bernard à prendre de la hauteur et à se montrer moins raide…
Il y a des vrais problèmes et désaccords sur la gouvernance. Maintenant, une fois la dramaturgie passée, il faut revenir à la raison, trouver les voies de l’apaisement, se mettre autour de la table et retrouver son calme. Bruno Bernard semble l’avoir compris, et ça s’est ressenti lors de son discours introductif du conseil métropolitain ; il a tendu la main. Il est président d’une collectivité encore jeune, n’a pas été élu sur son nom, ni dans un élan de grande participation – ce qui ne remet pas pour autant en cause sa légitimité puisque c’est le jeu démocratique – mais il ne doit pas l’oublier et doit justement faire preuve d’humilité. On a vu lors du conseil qu’il commençait à le comprendre et à prendre de la hauteur. Mais ses équipes aussi doivent le comprendre et baisser d’un ton… Qu’ils arrêtent d’expliquer que le monde est né à leur arrivée, qu’ils ont raison et que les autres n’y comprennent rien. C’est ça qui tend beaucoup les maires.
Qu’ils arrêtent d’expliquer qu’ils ont raison et que les autres n’y comprennent rien.
David Kimelfeld
Vous dites que Bruno Bernard commence à comprendre le message. À quoi faut-il alors s’attendre selon vous pour les prochains mois ?
Il doit aller dans une recherche de consensus. Il en va de l’intérêt des habitants et des habitantes, sinon on va se retrouver dans des situations de blocage qui ne vont profiter à personne. Le président de la Métropole a besoin des maires pour avoir une bonne connaissance du territoire, sans regarder s’ils sont de droite, du centre ou de gauche. Quand je discutais avec un maire lorsque j’étais président de la Métropole, je voyais d’abord l’élu qui représentait ses habitants, son territoire et non son étiquette politique. Bruno Bernard doit impérativement travailler sur ce lien avec les communes.
Comment cela doit-il se traduire ?
Il a dit qu’il allait lancer une conférence avec les maires et s’est engagé à relire le rapport Grivel dans lequel on a 21 propositions, dont certaines très faciles à mettre en oeuvre, qui viendront amortir et pacifier les relations. J’espère que Bruno Bernard va s’en saisir et que les maires accepteront le dialogue sur ces bases. Et puis il doit surtout ouvrir sa porte et aller au contact avec les maires. Il a longtemps répété que sa porte « restait ouverte », mais le problème, ce n’est pas de laisser la sienne ouverte, mais d’aller pousser celle des maires dans leur commune. Il doit renverser la vapeur et aller au contact.