Son mandat court jusqu’en juillet 2023, mais Elisabeth Ayrault a décidé de mettre fin à ses fonctions de PDG de CNR, deux ans avant l’échéance. Et ce, pour des raisons de santé. Elle a commencé à s’en ouvrir à ses actionnaires en juillet avant de l’annoncer officiellement en conseil de surveillance la semaine dernière. Une décision très personnelle pour la patronne emblématique d’une entreprise atypique contrôlée à 50,03% par le public (Caisse des Dépôts et collectivités locales) et à 49,97% par le groupe Engie. Arrivée en juillet 2013 au poste de N°1 de CNR, elle prend alors la suite d’Yves de Gaulle, petit-fils du Général, resté seulement 18 mois à la tête de l’entreprise. Cette architecte de formation, passée entre autres par Dumez, Elyo et la direction générale déléguée de Sita (Suez Environnement), a vite imprimé sa marque à la tête d’une entreprise créée par Edouard Herriot en 1933 pour l’aménagement du Rhône, d’où l’appellation originelle de Compagnie nationale du Rhône.
Nommée juste avant les 80 ans de l’entreprise, elle prend à bras le corps sa mission, impulsant une dynamique personnelle à tous les niveaux, tant en interne (nouvelle identité visuelle, plan stratégique), que vis-à-vis de ses partenaires collectivités locales et Etat. Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, vient en personne en 2014 dire tout le bien qu’elle pense du groupe lyonnais tout entier tourné vers la transition énergétique.
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Femme de convictions et engagée
Passionnée par le management, Elisabeth Ayrault s’est, en effet, fortement impliquée sur ce grand sujet de la transition énergétique par conviction personnelle mais aussi en tant que présidente du 1er producteur français d’énergie entièrement renouvelable via les 19 barrages exploités sur le Rhône soit plus de 25% de l’hydroélectricité produite en France. CNR s’est aussi développée ces dernières dans toutes les énergies renouvelables, pas uniquement l’hydroélectricité, mais aussi l’éolien et le solaire. A la clé, des investissements majeurs dans des parcs éoliens et photovoltaïques.
Elisabeth Ayrault est également à l’origine de la création d’une association baptisée « Initiatives pour l’avenir des grands fleuves » -IAGF- dont la présidence a été confiée à l’écrivain Erik Orsenna. La patronne de CNR est l’auteur du livre « Les Leçons du Rhône : Que serions-nous sans les fleuves ? » paru chez Actes Sud cette année. Convaincue que l’action politique seule ne suffit pas pour répondre aux défis climatiques et environnementaux, elle plaide pour que les entreprises prennent un rôle plus important dans la transition énergétique et la préservation de l’équilibre des écosystèmes.
Décret du Président de la République
A l’occasion du renouvellement de son mandat en juillet 2018, Elisabeth Ayrault avait été auditionnée par les parlementaires de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale et du Sénat, comme le prévoit la procédure de nomination du patron de CNR. A l’issue de son audition au Palais du Luxembourg, une longue salve d’applaudissements des sénateurs, toutes tendances politiques confondues, avait salué sa prestation.
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Le ou la successeur(e) d’Elisabeth Ayrault sera nommé(e) par décret du Président de la République sur proposition du conseil de surveillance et après approbation des commissions des affaires économiques de l’Assemblée nationale et du Sénat. Lesquelles seront donc appelées à se prononcer presque deux ans avant l’échéance normale du renouvellement du mandat de l’actuelle présidente. CNR emploie plus de 1 300 salariés et produit chaque année plus de 15 TWh issus de son mix hydraulique, éolien et photovoltaïque. L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 1,5 milliard € en 2019.