Après Erytech Pharma, Poxel, Theranexus, Adocia ou genOway, une nouvelle biotech lyonnaise devrait rejoindre le chemin de la cotation en bourse. La société MaaT Pharma, pionnière dans le développement de médicaments à base de microbiote dédiés aux patients atteints de cancer, annonce ce lundi, l’approbation de son document d’enregistrement par l’Autorité des Marchés Financiers. Cela constitue donc la première étape du processus d’introduction en Bourse de la société de biotechnologie installée dans le biodistrict de Lyon-Gerland, qui s’était déjà fait remarquer en décembre 2020 en levant plus de 25 millions d’euros. Un montant conséquent (la plus grosse levée de fonds d’une biotech lyonnaise depuis les 67 millions d’euros levés par Amolyt Pharma et Thierry Abribat en 2019) qui avait permis à MaaT Pharma de consolider ses activités de R&D.
Depuis, la biotech a obtenu des résultats cliniques de phase II prometteurs sur son produit le plus avancé et projette le lancement d’une phase III d’ici à la fin de l’année. « Cette phase III est assez consommatrice de capitaux. D’autant que nous avons potentiellement dans notre pipeline, d’autres étapes et phases de développement que nous souhaiterions financer à partir de 2022. Notamment une autre phase III des essais cliniques », détaille Hervé Affagard (photo), le PDG de MaaT Pharma. Après des échanges avec le conseil d’administration et auprès des banques pour déterminer quelle était la meilleure façon d’avoir accès à de nouveaux capitaux, l’équipe dirigeante a donc choisi de positionner la société sur les marchés financiers. « On avait étudié la possibilité de ne continuer qu’avec des fonds privés, mais on a voulu aller un cran plus loin dans la structuration de l’entreprise et dans la préparation de l’avenir pour asseoir notre développement intrinsèque. En nous positionnant sur le marché Euronext, nous comptons élargir la base de nos investisseurs. Cela nous permet d’envisager d’avoir accès à des capitaux plus significatifs et de manière beaucoup plus rapide alors que nous sommes sur des programmes très consommateurs en capitaux sur le développement clinique », prolonge Hervé Affagard.
Usine lyonnaise
Outre la phase III des essais cliniques pour son candidat médicament Maat013 pour le traitement de la maladie aiguë du greffon contre l’hôte (réactions inflammatoires exacerbées), qui devrait rentrer en phase III d’ici fin 2021, les équipes de MaaT Pharma travaillent sur deux autres médicaments MaaT013 et MaaT03X, respectivement en attente de phase II et en stade préclinique. Les premiers résultats intermédiaires de la phase III pour MaaT013 sont attendus pour la fin 2022 et les résultats définitifs pour 2024.
D’ici là, la biotech de 37 salariés envisage de monter une unité de production dans la région lyonnaise pour supporter le développement de ses produits et songe à l’hypothèse de commercialiser de façon indépendante les produits de MaaT Pharma les plus avancés. « Aujourd’hui, tout est possible et tout est sur la table. On se réserve tout à fait la possibilité de commercialiser nos premiers produits MaaT013 et MaaT033 par nous mêmes sur des marchés de petites tailles. En revanche pour MaaT03X, qui s’adresse à des tumeurs solides sur des marchés extrêmement larges, nous envisageons davantage un partenariat avec un grand groupe industriel », renseigne le directeur de la société fondée en 2014. Des discussions sont en cours avec des potentiels partenaires américains, européens et asiatiques. « Nous avons des contacts mais il est encore un peu tôt pour arrêter des choix », tempère Hervé Affagard, qui compte installer d’ici deux ans une antenne de MaaT Pharma aux États-Unis pour toucher le marché américain, beaucoup plus important en terme de chiffre d’affaires. Une stratégie déjà employée par une poignée de biotechs lyonnaises, à l’instar d’Erytech, Poxel, Amolyt, Adocia ou Novadiscovery.