Une affaire rondement menée. En l’espace de deux mois, Zilli placé en redressement judiciaire le 29 septembre, a trouvé son repreneur lundi dernier, dans le cadre d’un plan de cession. Des cinq offres remises au tribunal de commerce de Lyon, trois se détachaient. ATI (basé en Chine) proposait de développer la marque en Chine, mais pas dans le secteur du luxe. Ansgsar (investisseur français installé en Russie) n’ayant pas d’expertise dans l’activité de Zilli s’associait à Z One International doté d’une forte connaissance du secteur. Et c’est finalement Negma Group, fonds d’investissement basé à Dubaï (succursales à Paris et Milan), associé à un cabinet italien de conseil en restructuration FAI (Futuro All’Impresa) et doté d’une activité d’investissement qui a été retenu par le tribunal. Et ce, avec le soutien des administrateurs judiciaires (AJ Partenaires et FHB), du mandataire judiciaire et du juge-commissaire. Negma Group affiche des engagements supérieurs à 1 milliard d’euros et 60 sociétés financées à travers le monde dont beaucoup en France et une vingtaine d’investissements en capital-risque.
Le tandem Negma-FAI a fait la différence par le montant supérieur de son offre en mettant 2,4 millions d’euros sur la table pour le rachat des actifs et en s’engageant à investir 20 millions d’euros dans les cinq années à venir pour « créer un nouveau groupe français dans le secteur du luxe qui toucherait l’ensemble des activités de la vie quotidienne des clients avec Zilli comme pilier d’un projet ambitieux mais sérieux ». Les repreneurs s’engagent aussi à reprendre 70 personnes (soit une trentaine de départs) en conservant le siège et le site de production principal installé depuis 16 mois à Dardilly. L’importante filiale italienne de Zilli est conservée aussi. Quant à Laurent Schimel, il ne sera plus dirigeant dans la nouvelle société mais conserve un poste de salarié dans la nouvelle structure qui sera présidée par Giuseppe Di Nuccio, ancien dirigeant de Giorgio Armani, Burberry et Barbari Bui.
100 millions d’euros dans 5 ans
Pour les personnes licenciées, Negma-FAI a prévu un abondement au PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) de 100 000 euros avec une priorité de réembauche de 24 mois. De fait, les nouveaux propriétaires de Zilli prévoient l’embauche d’environ 30 personnes sur les trois prochaines années, selon le business plan et le projet industriel. Lequel prévoit un agrandissement de l’atelier de Dardilly. En termes d’activité, les repreneurs envisagent, à court terme, le maintien d’un chiffre d’affaires à 30 millions € avec un EBITDA de 10%, avec un objectif à 5 ans de 100 millions € de chiffre d’affaires et de 15% d’EBITDA.
Créée en 1965 par Alain Schimel, Zilli a démarré autour d’un atelier de confection à la Croix-Rousse avant de s’installer dans le 9e arrondissement et de connaître un essor international impressionnant, que ce soit aux Etats-Unis ou en Russie. Le jour de son assassinat en 1980, John Lennon portait un blouson Zilli. Et, côté Russie, Vladimir Poutine est un fidèle de la marque lyonnaise.
Après une première alerte en 2016 qui l’avait vu passer par la case sauvegarde avec un plan de sauvegarde adopté en 2017, la Maison Zilli n’a pas résisté aux conséquences de la crise sanitaire : La célèbre marque lyonnaise a été touchée de plein fouet avec des boutiques plombées par la mise à l’arrêt du tourisme international. Son chiffre d’affaires a chuté de 49 millions d’euros en 2019 à 31,4 millions d’euros en 2020. Dans l’impossibilité de poursuivre le remboursement de ses dettes dans le cadre du plan de sauvegarde et privés de PGE (Prêt garanti par l’Etat), Alain et Laurent Schimel avaient sollicité la protection du tribunal de commerce de Lyon en se déclarant en cessation de paiement en septembre dernier. Deux mois plus tard, Zilli peut « repartir de l’avant » comme l’espérait Laurent Schimel à la fin de l’été. « Nous avons vécu une audience avec beaucoup d’émotion au tribunal, déclare Maître Nicolas Bès, l’avocat de la famille Schimel. Alain Schimel nous a ému aux larmes en assumant l’entière responsabilité de la situation et en précisant que ses enfants, avec leur parfaite connaissance de l’entreprise, pourraient aider les repreneurs ». L’aventure Zilli continue.