Pas d’audience solennelle de rentrée pour le tribunal de commerce de Lyon, à l’instar des différentes juridictions. Crise sanitaire oblige. Mais l’année a bien commencé avec l’installation de dix nouveaux juges (dont Christian Missirian, ex directeur régional EDF Commerce) pour remplacer les partants dont Michel Thomas, ancien président du tribunal ou bien encore Olivier de la Clergerie, directeur général du groupe LDLC.
Reprenant dans le détail, les différentes activités du tribunal, Thierry Gardon, son président (photo), souligne la forte croissance des créations d’entreprises avec 24 741 immatriculations au RCS (registre du commerce et des sociétés), soit un bond de 33%, reflet d’une explosion des micro-entrepreneurs (9 060 contre 5 879 en 2020), mais aussi d’une forte augmentation des sociétés commerciales (de 9 108 à 11 305 en un an, soit + 24%). Dans le même temps, les radiations baissent de 2% à 8 929. En ce qui concerne le contentieux général, une légère croissance des dossiers est constatée. Quant aux procédures collectives, elles continuent de reculer. Après un repli de 37% en 2020 du nombre des défaillances d’entreprise (828 contre 1 315 en 2019), elles ont encore baissé de 7,5% en 2021 à 766 dont 626 se sont terminées en liquidation judiciaire, 108 en redressement judiciaire et 27 sauvegarde. Le nombre total des salariés concernés par ces procédures collectives recule fortement aussi (6 251 en 2019, 3 256 en 2020 et 1 497 en 2021). Plus de 76% de ces faillites sont le fait d’entreprises réalisant moins de 153 000 euros de chiffre d’affaires. Seules 4% des dépôts de bilan concernent des entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 3 millions d’euros. « 94% des défaillances d’entreprise concernent des entreprises de moins de 10 salariés », ajoute le président de la juridiction consulaire.
Tester l’amiable composition
Pour Thierry Gardon, les mesures gouvernementales (PGE, chômage partiel, reports d’échéance) conjuguées avec l’absence d’assignation des organismes sociaux expliquent ce repli de 45% en deux ans des dépôts de bilan. « Les entreprises n’ont pas de problème de trésorerie et n’en n’auront pas tant que le remboursement des PGE n’aura pas commencé, explique le président du tribunal de commerce de Lyon. En revanche, le problème de la dette se posera tôt ou tard et pourra gêner les entreprises dans leurs investissements ».
Très attaché à la notion de prévention, Thierry Gardon s’étonne qu’il n’y ait pas plus d’anticipation de la part des entreprises. « Dans le cadre de procédures amiables et de conciliation, on peut allonger la durée de remboursement des PGE par exemple », précise-t-il. Et de rappeler tous les efforts de la juridiction consulaire autour des MARD (mode amiable de résolution des différends).
Plus que jamais, le tribunal lyonnais veut aller vers des décisions plus rapides. Reprenant une procédure prévue à l’article 12 du Code de procédure civile, il envisage de siéger en « amiable composition » avec engagement de rendre une décision en 90 jours (un an pour un contentieux classique), dès lors que les parties se seront entendues sur l’étendue des points de litige et auront accepté de « protocoler » entre elles. Le juge statuera en droit et équité, les voies de recours resteront possibles. « L’idée, c’est d’arriver à un règlement rapide des litiges. On travaille avec le barreau de Lyon. Si on peut commencer avec quelques dossiers cette année, ce sera bien. Nous serons la première juridiction commerciale de France à tester l’amiable composition, toujours avec la volonté d’être au service des entreprises et de les protéger », conclut Thierry Gardon.