Pour Renaud Sornin, l’équation était simple : « Dans un marché européen de la conformité des entreprises en pleine structuration, on ne pouvait pas rester tout seul dans notre coin. Soit on consolidait, soit on était consolidé ». Et si le fondateur de l’éditeur de logiciels Attestation Légale, qui se présente comme « le LinkedIn administratif des entreprises du BTP » (11 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, une centaine de collaborateurs), aurait « bien aimé, par ego, devenir leader en étant celui qui rachète », il a finalement choisi l’adossement avec une revente à l’anglais Fortius. Un groupe qui évolue sur le même métier de la fourniture de logiciels et des services de vérification de la conformité et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement. « Mais l’humilité me pousse à admettre que Fortius a un coup d’avance sur Attestation Légale. Ils savent faire des choses que l’on ne sait pas faire. En revanche, nous avons la même culture et les mêmes valeurs, on s’est donc retrouvés. Et nous sommes aussi complémentaires, car eux s’adressent à des grands groupes quand nous travaillons davantage avec des PME », poursuit Renaud Sornin, qui a directement démarché Fortius pour proposer une fusion après une étude de marché des différents acteurs européens. Avant d’officialiser le mariage au terme de six mois de tractations.
« Je vends mais je reste »
Le nouvel ensemble de 430 collaborateurs (qui englobe aussi l’intégration de la petite plateforme parisienne Actradis, 2,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021) ne dévoile pas d’objectif de chiffre d’affaires, mais revendique 160 000 clients et une position de leader en France et au Royaume-Uni. Regroupé sous le nom d’OFA (Once For All), le groupe a aussi des implantations en Allemagne et en Italie, où Attestation Légale s’est lancé depuis quelques temps. L’ambition est affichée : créer « un champion européen » des solutions de gestion de la conformité des entreprises et de la mise en relation des sous-traitants avec leurs donneurs d’ordre.
S’il tourne une page avec la revente d’une entreprise fondée il y a tout juste dix ans, Renaud Sornin ne quitte pas pour autant le navire : « Je vends mais je reste ». Le serial entrepreneur est nommé conseiller exécutif du groupe sur la stratégie, les fusions-acquisitions et la collaboration avec les clients européens. Un job qui devrait l’occuper un mi-temps. Et donc lui laisser du temps pour développer la pépinière à startups dans les métiers de l’immobilier et de la construction Kanope (une filiale d’Attestation Légale), et aussi créer une fondation d’entreprise dont il devrait dévoiler les contours dans quelques mois. « Pour être honnête, je suis plus libéré qu’autre chose avec cette vente. Car je sais créer des boîtes, mais je suis moins à l’aise dans la phase de scale-up. Je me dis donc que je vais beaucoup apprendre », conclut Renaud Sornin qui entend également profiter du cash perçu par la cession de son entreprise pour développer des actions non-profit.