Epilogue de 8 ans de négociations, tant au niveau européen qu’au niveau gouvernemental, CNR (Compagnie nationale du Rhône) a donc obtenu la prolongation de sa concession sur le fleuve Rhône jusqu’en 2041. L’enjeu est de taille pour le 1er producteur français d’électricité 100% renouvelable avec une puissance installée de 4 000 MW et 15,4 TWh de production. Le feu vert ultime est venu de la loi « Aménagement du Rhône » portée par le député de la Savoie, Patrick Mignola, président du groupe MoDem, loi qui a été votée à l’unanimité des groupes politiques, tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. L’adoption définitive intervenue hier, jeudi 17 février, sera suivie de sa promulgation prochaine au Journal Officiel.
Autant dire que 100 ans après la loi de 1921 qui confiait à un opérateur unique trois missions indissociables -hydroélectricité, transport fluvial et irrigation-, le texte de 2021 permet au législateur de « renouveler sa confiance dans ce modèle intégré qui met l’eau du fleuve et l’électricité produite au service de la croissance verte des territoires », précise CNR. La nouvelle présidente du directoire de CNR, Laurence Borie-Bancel (photo), qui a pris la suite d’Elisabeth Ayrault, parle d’une « immense fierté » pour les 1 400 salariés de CNR.
500 millions d’euros dans les infrastructures
« Nos missions sont adaptées pour apporter des solutions à l’urgence climatique, précise Laurence Borie-Bancel. La concertation avec les territoires, déjà notre marque de fabrique, est encore renforcée. Les enjeux de biodiversité seront encore plus indissociables de nos missions. C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre dans l’histoire de notre entreprise et la projette jusqu’en 2041. Entreprise industrielle, 1er producteur d’électricité 100 % renouvelable -eau, vent, soleil-, CNR entend ainsi accélérer la transformation énergétique et écologique des territoires ».
Avec cette loi, plusieurs engagements sont pris, représentant un investissement de plus de 1 milliard d’euros dans les territoires jusqu’en 2041 pour relever les défis, tant énergétiques qu’écologiques. Dans le détail, 500 millions seront investis au profit des infrastructures du fleuve (développement des capacités hydroélectriques, fiabilisation de la navigation, continuité piscicole). Par ailleurs, 165 millions d’euros par période de 5 ans seront consacrés à des missions d’intérêt général autour de 5 volets (développement des énergies vertes, renforcement du transport fluvial, contribution à une agriculture durable, corridor de biodiversité plus vivant et dynamique, accompagnement de projets dans les territoires). Une priorité sera donnée à l’innovation et au développement des énergies renouvelables dans la perspective de la neutralité carbone d’ici à 2050 (hydrogène renouvelable, photovoltaïque flottant, agrivoltaïsme).
152 infrastructures de production
Autre priorité réaffirmée, celle de la concertation avec les territoires, liée à un actionnariat équilibré entre le public à hauteur de 50,03% (Caisse des Dépôts et 183 collectivités locales) et le privé à 49,97% avec le groupe Engie comme opérateur industriel. Entreprise d’intérêt général, CNR se « positionne comme un partenaire des territoires afin d’accélérer leur transition écologique dans le cadre d’un dialogue, d’une concertation et d’une co-construction ». Avec cette loi qui « modernise le contrat de concession de CNR, le législateur a souhaité conforter cette méthode avec une participation et un contrôle renforcé des territoires et de l’Etat dans les projets engagés et les missions conduites ». Au siège de CNR, cette prolongation est considérée comme « une étape essentielle dans l’histoire de CNR » qui lui permettra de « contribuer aux objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour réussir la transformation énergétique et écologique des territoires ».
Sur 550 km de fleuve géré et 30 000 hectares concédés, CNR possède 152 infrastructures de production qui se décomposent en 49 centrales hydroélectriques, 57 parcs éoliens et 46 centrales photovoltaïques.