C’est une page de l’histoire du groupe SEB qui va se tourner au début de l’été, lorsque Thierry de La Tour d’Artaise quittera officiellement la direction générale de leader mondial du petit équipement domestique. A 67 ans, dont 28 passés dans le groupe familial (sa femme est une descendante de la famille fondatrice, les Lescure), l’actuel PDG ne gardera plus que la fonction de président, laissant à l’actuel directeur général délégué, Stanislas de Gramont (photo), la direction opérationnelle du groupe, en tant que directeur général. Pour la première fois dans l’histoire du groupe, ce ne sera plus un membre de la famille propriétaire du groupe qui sera aux manettes.
Une évolution de la gouvernance dont le principe avait été acté voici plusieurs années et que Thierry de La Tour d’Artaise avait confirmé dans le Grand Entretien qu’il avait accordé à Lyon Décideurs début septembre 2021. Restait à savoir quand cette dissociation des fonctions deviendrait effective. « Avant la fin de mon mandat en 2024 », indiquait alors le PDG de Seb. Ce sera donc le 1er juillet prochain. Une passation de témoin longuement et murement réfléchie. Imaginée un temps par certains observateurs avec Bertrand Neuschwander, le prédécesseur de Stanislas de Gramont, elle s’effectuera donc avec ce dernier. Arrivé dans le groupe en 2018, diplômé de l’ESSEC, Stanislas de Gramont a effectué l’essentiel de sa carrière au sein du groupe Danone de 1992 à 2014 avec plusieurs fonctions de direction générale en France et à l’international, notamment de Danone Produits Frais. Avant Danone, il avait commencé chez Pernod-Ricard Orangina, retrouvant la marque à la petite bouteille ronde de 2014 à 2018. Au sein du groupe SEB, Stanislas de Gramont est en charge des fonctions commerciales et marketing, mais aussi du digital, sur lequel le groupe lyonnais s’est beaucoup développé ces dernières années.
Activité multipliée par 4 en 22 ans
Même s’il ne quitte pas SEB, c’est une étape importante pour Thierry de La Tour d’Artaise que de laisser la direction opérationnelle d’un groupe qui a connu un développement impressionnant sous son règne. Arrivé en 1994, via la direction de Calor avant de rejoindre l’état major du groupe et de devenir PDG en 2000 à la suite de Jacques Gairard, l’ancien auditeur puis patron de la filiale croisières (Paquet) du groupe Chargeurs, aura complètement métamorphosé le groupe familia. Le groupe a conservé une dizaine de sites de production en France où il emploie plus de 6 000 salariés (sur 35 000 dans le monde) dont la majorité se trouve en Bourgogne (son berceau historique) et en Auvergne-Rhône-Alpes (Ecully pour son siège mondial, Rumilly et Pont-Évêque). En 22 ans, SEB a vu son chiffre d’affaires être plus que multiplié par 4, franchissant les 8 milliards d’euros fin 2021, tandis que le résultat opérationnel était multiplié par 6. Sous sa houlette, SEB a procédé à une vingtaine d’acquisitions dont Moulinex en 2001, Supor en Chine et WMF en Allemagne, plus récemment, dans les machines à café professionnelles. « J’ai encore beaucoup d’idées pour l’avenir et beaucoup de choses à faire pour le Groupe », déclarait début septembre celui qui est surnommé « TTA » en interne. Nul doute qu’il restera un président actif aux côtés de Stanislas de Gramont à partir du 1er juillet prochain.