Quitter le monde de la finance Une carrière toute tracée. Prépa HEC, diplôme de gestion d’entreprise à l’Essec et des débuts prometteurs chez Lehman Brothers à Londres. Benjamin Kohen est « structurer », une fonction entre trader et vendeur. Et puis, soudain, la faillite de la banque qu’il vit de l’intérieur, le démantèlement. Un passage par Barclays où il ne reste que trois mois. Après deux années londoniennes, le Lyonnais décide de quitter Big Ben.
« J’avais envie de trouver un travail qui ait un sens, où je sois utile. » Il vise plutôt l’Afrique, croit se diriger vers Madagascar quand un coup d’état remet tout en cause. Ce sera finalement la Turquie, via l’Agence française de développement, pour accompagner des projets d’infrastructures et environnementaux aux côtés de municipalités. Il rencontre celle qui devient sa femme. Au bout de deux ans, un constat : « Je ne m’épanouis pas tant que cela, installé dans le sud de la Turquie. » Autant rentrer en France et proposer à son frère, artisan plombier de métier, de monter une entreprise de plomberie. Samuel et Benjamin Kohen créent Sabeko en reprenant la première syllabe de leurs prénoms et nom de famille.
Se confronter à la vraie vie
« Je voulais être dans un “vrai” métier, créer une entreprise, être dans l’humilité et me confronter à la vraie vie », explique Samuel Kohen. Commence alors sa reconversion via le Greta : l’ex-Essec passe un CAP de chauffagiste et se retrouve au milieu d’ados.
À 29 ans, Sabeko est abritée chez la mère des frères Kohen. « Mon ancienne chambre fait office de bureau, le garage sert de stockage pour le matériel », précise Samuel en souriant. Le plan de marche se déploie rapidement.
« La stratégie de Sabeko consistait à réinventer le métier et l’adapter au XXIe siècle, le professionnaliser tout en conservant ses valeurs artisanales », ajoute Samuel Kohen. Point de départ, Sabeko se dote de 3 grands dépôts avec 1 200 références sur 800 m2 pour que les plombiers ne perdent pas de temps à récupérer les pièces chez des fournisseurs avant d’arriver chez le client. Les frères jouent aussi la carte de la digitalisation, de la communication avec les clients.
Et visent un très large spectre de clientèle : particuliers, syndics, bailleurs sociaux, collectivités locales, hôpitaux, qu’il s’agisse de maintenance/dépannage, de rénovation de logements ou de locaux professionnels et tertiaires. Cinq ans après la création, deux nouvelles agences voient le jour à Chambéry et Annecy en plus de l’agence historique de Décines. « Nous arrivons bientôt à 10 millions d’euros de chiffre d’affaires et nous sommes passés de 2 à plus de 150 collaborateurs », rapporte Samuel Kohen.
Une école de formation et une soirée théâtre
Un développement qui repose sur un engagement social très fort autour de la formation et l’apprentissage. Sabeko crée son propre centre de formation, la Sabeschool, en cours de certification Qualiopi. La première classe d’apprentis est annoncée pour septembre 2022. Sans attendre les premiers diplômés, Sabeko forme des apprentis en nombre : presque 60 sur les 150 salariés de l’entreprise. Et ce, en intégrant beaucoup de mineurs isolés d’origine étrangère.
« On fait grandir les jeunes, rappelle Samuel Kohen. On les amène à l’employabilité afin qu’ils prennent conscience de ce qu’ils sont capables de faire. » 30 % des apprentis sont ensuite recrutés. Les jeunes préparent une soirée théâtre pour le 27 juin au Toboggan. Répétition tous les lundis soirs. Des petites scènes, pour apprendre la posture, l’élocution, ouvrir leur horizon, se découvrir hommes et femmes adultes.
« Pour réussir l’insertion professionnelle, il n’y a pas cinquante solutions, il faut se mettre à la formation. C’est ce qu’on dira au public de chefs d’entreprise avant la pièce, le 27 juin », plaide Samuel Kohen. Le nom de cette création artistique ? « D’où je viens. » Tout un programme.
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