Un « modèle à la Lyonnaise ». La formule est empruntée aux équipes de Gérard Collomb, habituées du MIPIM – le grand rendez-vous annuel des professionnels de l’immobilier sur la Croisette – mais la ligne directrice n’est plus vraiment la même. À l’inverse de l’ancien maire de Lyon, qui jouait des coudes dans les années 2000 sur le littoral méditerranéen pour placer la ville parmi les territoires les plus attractifs et dynamiques d’Europe, Bruno Bernard tempère, mercredi, face aux 200 personnes venues l’écouter sur le stand du Grand Lyon. Le président de la Métropole présente ici son modèle, « transformé et adapté aux enjeux du XXIe siècle », revisitant la notion même d’attractivité. « On veut rester attractifs bien sûr, mais l’attractivité d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. Être attractif désormais, c’est tenir compte des enjeux climatiques, avoir une qualité de vie qui s’améliore, être moins pollué, avoir des mobilités alternatives… C’est ça qui attire maintenant, et non pas le modèle du siècle dernier. C’est ce qu’on venu expliquer ici », glisse-t-il au sortir de sa présentation, avant d’enchaîner de nouveaux rendez-vous avec les représentants de l’immobilier lyonnais.

Sur la terrasse privée accolée au stand métropolitain – avec vue sur les yachts entassés par dizaines dans le port cannois -, l’élu écologiste a multiplié les entrevues mercredi et jeudi. « Nous avons beaucoup d’échanges avec les promoteurs depuis dix-huit mois, mais il y a toujours ce besoin de redire, et réexpliquer notre vision globale, souligne-t-il. Nous sommes là pour construire mais pas n’importe où et pas n’importe comment. » Un message entendu par les représentants de DCB, Sogelym-Dixence, Eiffage, Vinci, Cardinal, Alila, Omnium, Capelli, Icade, Spirit, JLL ou CBRE, tous présents à Cannes pour cette grand messe annuelle de l’immobilier. « Les gens qui sont là le sont pour faire du business. Donc ils s’adaptent aux nouvelles règles », lance Bruno Bernard, satisfait du contenu de ses échanges divers.
« En venant au MIPIM, ils montrent qu’ils ne nous mettent pas de côté »
« Ce changement de paradigme pour intégrer des nouvelles valeurs comme le développement durable, la question des mobilités, de l’inclusion, correspond aujourd’hui aux attentes des investisseurs et des entreprises », confirme Laurent Vallas, directeur de JLL Lyon & Régions. « Ce discours permet aussi de rassurer puisque l’immobilier travaille sur du long terme, prolonge Loïc de Villard, directeur régional de CBRE et président de la FNAIM Entreprises du Rhône. Dès lors que vous avez un modèle structuré et transparent, cela permet d’engager différents partenaires sur ce long terme, de faire venir des investisseurs et de créer un mouvement vertueux pour le marché de l’immobilier. »
Rassurés, les professionnels du secteur le sont aussi suite aux mots de Bruno Bernard, louant la bonne entente et collaboration des acteurs publics et privés sur le territoire lyonnais. « Un atout qu’on ne trouve pas toujours ailleurs et qu’il faut conserver », selon le président de la Métropole. « Il y a eu du retard à l’allumage quand ils sont arrivés, avec des réticences de la part des promoteurs qui avaient l’habitude de travailler avec les mêmes équipes depuis 20 ans. Mais en venant ici au MIPIM, le royaume de l’immobilier, ils montrent qu’ils feront ce qu’ils ont prévu, et avec leurs critères, mais ils ne nous mettent pas de côté pour autant, note Frédéric Berthet, gérant de Lyon Omnium. C’est une belle porte ouverte, une invitation. Nous étions d’ailleurs étonnés qu’ils soient si nombreux à venir ici. »«

La visite d’Edouard Philippe
Car en plus de la venue au salon de Grégory Doucet mardi et mercredi, la délégation lyonnaise était composée du président de la Métropole et de quatre de ses vice-présidents. Emeline Baume (économie), Béatrice Vessiller (urbanisme), Fabien Bagnon (mobilité) et Hélène Dromain (tourisme) ont ainsi développé les axes divers de cette nouvelle vision du développement du territoire, aux côtés d’autres acteurs métropolitains (SPL Lyon Part-Dieu, Groupe SERL, Lyon Parc Auto,…). « Nous aimons la Métropole et nous avons envie de la promouvoir dans un salon international de ce type, répond Béatrice Vessiller. Le fait de venir à la rencontre de tous ces acteurs avec un exécutif renforcé, cela montre que nous sommes cohérents, qu’on porte la même vision et qu’on tire tous dans le même sens. »
Le MIPIM est aussi l’occasion pour les élus locaux d’aller s’enrichir des projets d’autres collectivités françaises, européennes ou mondial. Un tour du monde sans sortir du périmètre du palais des Festivals. « Nous sommes allés voir le pavillon du Grand Paris, Stockholm, Londres, les métropoles allemandes ou françaises, Barcelone… Cela permet d’échanger, d’aller s’inspirer de ce que font les autres, avec des idées nouvelles qui nous intéressent et sur lesquelles on va réfléchir », ajoute la vice-présidente à l’urbanisme. En pleine campagne présidentielle, et alors que certains de ses membres comme Bruno Bernard ou Emeline Baume s’activent en première ligne derrière Yannick Jadot, l’équipe écologiste a reçu la visite de plusieurs personnalités politiques sur sa terrasse. L’ancien premier ministre Edouard Philippe et son nouvel allié Christian Estrosi, venu à Cannes en voisin depuis sa ville de Nice, se sont arrêtés quelques minutes avant de laisser leur place à Eric Piolle, le maire écologiste de Grenoble.
