Journée particulière pour l’OL. Outre le 8ème de finale aller de l’Europa League à Porto (victoire précieuse 1–0 des Lyonnais), le club a appris que Pathé, actionnaire depuis 23 ans et les Chinois d’IDG Capital, arrivés voici 5 ans, sont officiellement vendeurs de leur participation. A eux deux, ils détiennent 49,8% des droits de vote d’OL Groupe (au 30 septembre 2021), Jean-Michel Aulas possédant quant à lui 29,75% des droits de vote via son holding familial Holnest (le solde soit 20,4% se trouve en bourse).
Dans un communiqué de neuf lignes, envoyé depuis le siège de Pathé à Paris, les deux actionnaires précisent qu’ils « ont décidé -chacun pour sa part- d’engager Raine, banque d’investissement spécialisée dans le secteur des médias et du sport, en vue d’évaluer leurs options stratégiques et financières concernant leurs participations respectives dans le club ». Après avoir souligné le parcours de l’OL « devenu un leader international du football masculin et féminin », ils indiquent avoir « reçu des marques d’intérêt de la part d’investisseurs et privilégieront les parties souhaitant collaborer avec la direction actuelle afin de continuer à développer la vision du club et de s’appuyer sur l’héritage de l’Olympique Lyonnais ».
316,7 millions d’euros d’endettement net de trésorerie
Une façon diplomatique de laisser entendre qu’il ne s’agit pas de lâcher en rase campagne Jean-Michel Aulas, au moment où il doit gérer une après crise sanitaire compliquée. L’endettement net de trésorerie d’OL Groupe atteint 316 millions €. En d’autres termes, il s’agit d’essayer de trouver de nouveaux actionnaires en phase avec celui qui va fêter dans quelques semaines ces 35 ans à la tête de l’OL et qui a encore redit récemment qu’il n’entendait pas partir dans l’immédiat, surtout pas tant que l’OL n’aura pas décroché un titre européen avec les garçons (pourquoi pas cette année avec l’Europa League ?)
Cette intention de vendre de la part de Pathé et des Chinois d’IDG n’est pas à proprement parler une surprise. Une petite phrase sibylline à la fin du communiqué sur les résultats semestriels d’OL Groupe au 31 décembre 2021, laissait la porte ouverte à toutes les interprétations. Après avoir rappelé l’ambition d’atteindre 400 à 420 millions d’euros de chiffre d’affaires avec un EBE (Excédent brut d’exploitation) supérieur à 100 millions en 2024/2025, l’OL concluait que ces objectifs pourraient « être amenés à être révisés, notamment en fonction de l’aboutissement de la réflexion sur le renforcement des fonds propres et de la dynamique de la reprise ».
La réaction de l’OL est arrivée en fin de journée, alors que commençait le match à Porto : « OL Groupe prend acte des intentions déclarées par Pathé et IDG dans un communiqué de presse repris ce jour par les médias ». En clair, les relations se sont bien rafraichies entre Jean-Michel Aulas et Jérôme Seydoux. OL Groupe précise qu’il « va poursuivre la mise en œuvre de ces projets de développement (notamment l’Arena multifonctionnelle, l’équipe féminine OL Reign à Seattle et les investissements d’OL Groupe dans l’ASVEL) structurants, conformément aux orientations du Conseil d’administration, en visant à faire converger, dans toute la mesure du possible, le projet de renforcement de sa structure financière avec les aspirations de Pathé et IDG. Les travaux et opérations d’OL Groupe menés sous la direction de Jean-Michel Aulas s’inscriront dans une logique de continuité et de permanence de la direction ».
Bataille frontale pour le contrôle de l’OL ?
Jean-Michel Aulas poursuit son chemin. Trouvera-t-il un terrain d’entente avec ceux qui reprendront les participations de Pathé et d’IDG ? Ou se dirige-t-on vers une bataille frontale pour le contrôle du Club ? Il est encore trop tôt pour le dire. Reste, dans l’immédiat, à savoir qui va se positionner pour racheter cette double participation dans l’OL ? Des investisseurs américains ou asiatiques ou des pays du Golfe ? Jean-Michel Aulas a-t-il, lui-même dans sa manche, des candidats à la reprise ? Tony Parker est-il à la manœuvre pour faire entrer des actionnaires à sa main dans la perspective de prendre à terme la direction du club, en accord avec Jean-Michel Aulas (photo) ? Autant de questions qui trouveront leurs réponses dans les prochains mois. Autant dire que la fin de saison pour l’OL ne sera pas de tout repos avec un double enjeu sur le plan sportif et capitalistique. Des semaines décisives pour son avenir.