Les principaux responsables politiques sont passés, comme le veut la tradition, à la préfecture dans la soirée. Côté écologistes, le président de la Métropole Bruno Bernard (photo) a clairement indiqué : « sans conviction mais sans hésitation, je voterai Emmanuel Macron. Nous espérions beaucoup plus pour Yannick Jadot. Nous tirerons tous les enseignements dans les jours qui viennent. Nous n’étions pas suffisamment prêts pour une campagne présidentielle. Nous devons réfléchir à la suite, notamment à des alliances pour les élections législatives sur le modèle de ce que nous avons construit aux municipales et métropolitaines ». Un coup de griffe, au passage, aux instituts de sondages qui « se sont une fois de plus trompés ». Même tonalité pour Grégory Doucet, le maire de Lyon, qui ne se contente pas d’annoncer qu’il votera Emmanuel Macron, mais attend du Président de la république sortant, « des gestes forts sur la réforme des retraites qu’il a annoncé ou sur la question écologique où son bilan est très décevant. A Lyon, notre majorité obtient un bon résultat par rapport à Emmanuel Macron ».
Des maires PS appellent à une refondation de la gauche
Aucune hésitation, non plus du côté de Cédric Van Styvendael, le maire PS de Villeurbanne, pour le vote du 2nd tour, mais surtout la volonté de « refonder la gauche. Il est hors de question, qu’à nouveau en 2027, pour la 3e fois de suite, nous ne soyons pas au 2nd tour. Nous avions une gauche éparpillée façon puzzle. On voit le résultat. Dès ce soir, avec plusieurs maires de grandes villes de France, nous appelons à une refondation de la gauche ».
Côté Eric Zemmour, l’avocat Eric Pellet (ancien RPR de l’époque Michel Noir) ne cache pas sa déception. « Bien sûr, nous sommes déçus. Mais faire ce que nous avons fait en quelques mois, ce n’est déjà pas si mal, même si avec l’affluence dans nos meetings, nous espérions beaucoup mieux ». Peu de soutiens de Marine Le Pen en préfecture, hier soir, hormis Michèle Morel, historique du FN, passée un temps chez Bruno Mégret avant de revenir au RN. Elle se dit persuadée que « la victoire est possible. Notre car aux couleurs de Marine va continuer de sillonner le pays et la région lyonnaise ».
Les représentants locaux de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas légion en préfecture. Ils scrutent attentivement les excellents scores du candidat de l’Union populaire à Lyon et dans la Métropole, en tête dans la plupart des communes de l’Est lyonnais (+ de 50% à Vaulx-en-Velin, 37,8% à Villeurbanne et 29% à Décines, entre autres). De quoi regretter d’échouer si près de la qualification pour le 2nd tour.
Dans le camp macronien, les députés LREM (Thomas Rudigoz, Anne Brugnera) et MoDem (Cyrille Isaac-Sibille) ne cachent pas leur soulagement, tout en précisant que rien n’est fait. « Rien n’est joué, déclare Véronique Trillet-Lenoir, députée européenne. Mais nous nous réjouissons que le Président de la République soit en tête. Son bilan a été reconnu. La vision européenne d’Emmanuel Macron doit faire la différence le 24 avril prochain. Lors du dernier vote du parlement européen, les députés RN n’ont même pas eu le courage de venir en séance quand nous avons voté les sanctions contre la Russie ». Pour Anne Brugnera, il va « falloir beaucoup expliquer et convaincre durant l’entre-deux-tours. Tout n’a pas été suffisamment exposé. Mais nous avons encore des projets sur lesquels nous avons planché, en réserve ». Cyrille Isaac-Sibille est persuadé qu’ « Emmanuel Macron va encore nous surprendre dans les prochains jours dans ses initiatives pour rassembler ».
Pour ce qui est de LR, Alexandre Vincendet, plus qu’en délicatesse avec Laurent Wauquiez et son parti, a prévenu : « On ne transige pas sur la question du 2nd tour. Tout ce que représente Marie Le Pen est à l’opposé de mon engagement politique depuis toujours. J’attends de LR une position sans équivoque, appelant à voter pour Emmanuel Macron dès ce lundi. Faute de quoi, je ne me reconnaîtrai plus dans ce parti ». Une façon de préparer son atterrissage en douceur dans une nouvelle majorité présidentielle dans l’hypothèse d’une réélection du Président sortant ? Sans aucun doute, même si les macronistes lyonnais de la 1ère heure sont plus que réservés quant à un tel recyclage.
Béatrice de Montille, élue LR du 3e arrondissement et candidate LR dans la 3e circonscription du Rhône, de son côté, ne sait pas encore ce qu’elle votera le 24 avril : « Laissez-moi le temps de réfléchir ».
« Rassembler l’ensemble de nos concitoyens »
Enfin, l’ancien maire et président de la Métropole de Lyon, Gérard Collomb a transmis sa réaction sur le coup de 21 h 45. Très discret tout au long de cette campagne, lui qui fut de la garde rapprochée d’Emmanuel Macron dans la conquête de 2017, il prend, presque pour la 1ère fois la parole en 2022, seulement au soir du 1er tour. Un communiqué de 8 lignes pour expliquer que « les résultats de ce soir devraient permettre au président de la République de l’emporter au second tour. Mais la qualification de Marine Le Pen et le score important réalisé par Jean-Luc Mélenchon soulignent combien sont importantes les fractures qui parcourent la société française. Au cours des deux prochaines semaines, pour l’emporter et l’emporter nettement, il faudra savoir redonner à nos concitoyens cette espérance qu’avaient suscitée dans le pays la candidature et la victoire d’Emmanuel Macron. Il faudra, pour relever les défis qui sont ceux de notre société, que soit affirmée une volonté de rassembler l’ensemble de nos concitoyens »