« Il faut entendre ce que disent les citoyens, réagit Fouzyia Bouzerda, responsable du MoDem à Lyon et ex-présidente du Sytral. Il faut que tout le monde se sente représenté à l’Assemblée nationale, c’est indispensable. Je suis favorable à la proportionnelle intégrale ou, au moins, une bonne dose de proportionnelle. Urgence institutionnelle, urgence climatique, urgence sociale aussi. Il que les citoyens puissent se dire que voter, ça sert à quelque chose ». Dans le camp du vainqueur, David Kimelfeld, l’ancien président de la Métropole de Lyon, se dit « soulagé que l’extrême droite ait été battue. Je salue ceux qui ont voté pour Emmanuel Macron au 2nd tour après avoir voté à gauche au 1er tour. Ils attendent une plus grande attention sur le social et l’écologie. Moi-même, je m’inscris dans l’idée d’un grand rassemblement le plus large possible de progressistes et je soutiendrai des candidats qui incarnent une sensibilité social-démocrate ». A Lyon, il soutiendra activement Thomas Rudigoz et Anne Brugnera, les deux députés LREM sortants.
Interrogations autour de l’annonce de Taha Bouafs
Soulagement à gauche aussi de ce résultat, tant chez Bruno Bernard, président EELV de la Métropole de Lyon, que chez Grégory Doucet, le maire écologiste de Lyon. Ce dernier se réjouit que les institutions soient sauvegardées mais constate la très forte progression de l’extrême droite. « La promesse de la contenir n’a pas été tenue, ajoute Grégory Doucet. Il n’y a donc pas de raison de se réjouir. Rendez-vous est pris pour le 3ème tour. A nous de construire autre chose dans l’alliance des mouvements de l’écologie et de la gauche sur la base du leadership de Jean-Luc Mélenchon ». Et d’en appeler à un « rassemblement pluriel pour imposer une cohabitation au président Macron ». Même tonalité du côté de Bruno Bernard (en photo avec Yannick Jadot) qui attend des actes concrets du président de la république réélu, « pour la prise en compte de l’urgence écologique, tant sur la rénovation énergétique que sur la décarbonation de l’industrie, entre autres ».
Sur l’union des gauches, l’annonce d’une possible investiture LFI dans la 14ème circonscription (Vénissieux) pour Taha Bouafs, le journaliste-militant franco algérien pour le moins clivant, voire sulfureux pour certains, crée un certain malaise. « Le leadership de Jean-Luc Mélenchon n’est pas contestable, mais il ne peut pas parler d’union et balancer des investitures alors qu’aucun accord n’est encore signé », rétorque un notable de gauche. Renaud Payre, vice-président à la Métropole, un temps soutien de la candidature Taubira, se dit soulagé également que « les Français résistent à la forte poussée de l’extrême droite. Ce quinquennat a trop lassé les Français. Mais l’avertissement vaut aussi pour la gauche. Il faut maintenant un accord et la plus large union à gauche autour d’un vrai pacte. Il faut savoir dépasser les mésententes pour proposer un vrai changement de société ».
Hubert Julien-Laferrière, député écologiste sortant (élu en 2017 sous l’étiquette LREM) « salue la mobilisation des Français qui ont dit non à l’extrême droite. Le président sortant obtient un score en trompe l’œil. Le pays est plus fracturé qu’il y a 5 ans. Il faut savoir regarder ces fractures et se montrer à la hauteur ». Le parlementaire écologiste en appelle aussi au rassemblement pour les législatives de juin, y compris en associant le PS. « Il n’y a pas que le résultat du 1er tour de la présidentielle qui compte ».
Bloc contre bloc
Rassemblement à l’extrême droite aussi. Pour Michèle Morel du RN, « ce serait intelligent et normal. Les militants d’Eric Zemmour nous ont proposé leurs services durant l’entre-deux-tours. Entre souverainistes, on doit trouver un accord, sans ambiguïté », estime l’élue régionale RN qui devrait concourir dans la 6e circonscription à Villeurbanne. Eric Pellet, soutien d’Eric Zemmour, résume ce 2nd tour de la présidentielle à un « TSM : Tout sauf Macron face à un Tout sauf Marine. La fracture n’est pas prête de se réduire. Il devrait y avoir un rendez-vous entre Marine Le Pen et Eric Zemmour dans les 48 heures qui viennent pour bâtir un bloc patriotique face au bloc de l’Union populaire. Cela peut se faire en 8 jours ». A côté, le coordinateur de la campagne d’Eric Zemmour à Lyon prévient que Reconquête peut lancer, du jour au lendemain, 577 candidats pour les législatives. Les législatives, c’est bien vers le rendez-vous de juin que toutes les énergies sont d’ores et déjà tendues. « Une autre bataille commence dès maintenant », insiste Cédric Van Styvendael, le maire PS de Villeurbanne qui en appelle à l’union. Une union qui ne sera pas simple à réaliser à gauche dans sa ville : les candidats LFI et PS sont dans les starting blocks. L’un d’eux devra-t-il se retirer ? Anne Brugnera, députée LREM de la 4e circonscription du Rhône (3e et 6e arrondissements) avoue que « la fête sera de courte durée. On est content du score d’Emmanuel Macron. Maintenant, on enchaine avec les législatives et on sait que le prochain quinquennat sera encore plus difficile ».