C’est du jamais vu sous la Vème République. La droite LR n’aura aucun candidat pour défendre ses couleurs à Lyon au 2nd tour des législatives dimanche prochain. Y compris dans la 4e circonscription, celle du gaulliste Louis Joxe, ministre de Charles de Gaulle, puis de Raymond Barre pendant un quart de siècle, le candidat LR, maire du 6e arrondissement, Pascal Blache, n’a pas dépassé 16,5% soit deux fois moins que la députée LREM, Anne Brugnera, 34,10%. Et c’est donc l’écologiste Benjamin Badouard (NUPES) qui s’est qualifié pour le 2nd tour avec 31,72% soit tout juste 1 000 voix de moins que la députée sortante. Des duels NUPES – Ensemble ! ce sera l’affiche générale dans les 4 circonscriptions lyonnaises.
43,68% pour la NUPES dans la 3e
Et hormis la 4e, c’est l’alliance de Jean-Luc Mélenchon qui arrive en tête dans les 3 autres circonscriptions et haut la main. Ainsi, dans la 3e, où Jean-Louis Touraine ne se représente pas, c’est Marie-Charlotte Garin réalise un score impressionnant de 43,68%, laissant Sarah Peillon, la candidate d’En Marche à 15 points derrière elle (28,27%). Même avec d’hypothétiques reports de voix de la LR, Béatrice de Montille (8,32%), on voit mal comment la majorité présidentielle pourrait sauver cette circonscription gagnée par le PS en 2007 sur l’UMP Jean-Michel Dubernard.
Dans la 2ème circonscription, l’ex PS et ex LREM, Hubert Julien-Laferrière, passé chez les écologistes en cours de mandat, arrive en tête avec près de 35% des voix (34,82%). Le candidat Ensemble ! Loïc Terrenes, très impliqué auprès d’Emmanuel Macron après avoir travaillé pour David Kimelfeld à la Métropole arrive en 2e position avec 2 700 voix de retard (28,72%). Un score honorable qui risque de ne pas suffire dimanche prochain, même avec le report d’une partie de la candidate LR. A noter le score intéressant de Raphaël Arnault (6,81%).
C’est très certainement dans la 1ère circonscription que l’issue est la plus incertaine. La candidate NUPES, Aurélie Gries (37,75%), a devancé de près de 5 points le député sortant LREM, Thomas Rudigoz (photo) 32,96%, soit presque 2 000 voix d’écart. Arrivent ensuite la RN, Voliaria Gagarine (9,32%) et la LR, Anne Prost (8,70%). Quant au candidat radical de gauche, Grégory Dayme, soutenu par Thierry Braillard et Gérard Collomb, il réalise un modeste 3,76%.
Faible score des dissidents soutenus par Gérard Collomb
La logique voudrait que ces voix se reportent sur le député sortant, mais les rancunes de ses soutiens étant tenaces, rien n’est certain. On notera que les candidats dissidents soutenus par Gérard Collomb contre les candidats officiels de la majorité présidentielle n’ont pas particulièrement brillé : moins de 4% pour Grégory Dayme dans la 1ère circonscription et moins de 1% pour Izzet Doganel dans la 7e circonscription.
A retenir, enfin, une participation plus élevée à Lyon dans l’ensemble du pays. Suivant les circonscriptions, les Lyonnais ont voté entre 54% et 59%, alors que la moyenne nationale de votants ne dépassait pas 47,5%. Le passage par Lyon de Jean-Luc Mélenchon dans la dernière ligne droite de la campagne et l’entente tout sourire affichée avec le maire EELV de Lyon, Grégory Doucet, a incontestablement été un plus dans la campagne des candidats NUPES. Nul doute que les cinq jours qui viennent vont donner lieu à une campagne acharnée, la majorité présidentielle n’étant se laisser déposséder de circonscriptions conquises haut la main, en juin 2017.
Il est vrai qu’à l’époque, le maire de Lyon et président de la Métropole de Lyon était aussi ministre de l’Intérieur. Cinq ans plus tard, c’est une coalition NUPES, fortement teintée de vert, qui est aux manettes, tandis que Gérard Collomb n’est plus que conseiller municipal et conseiller métropolitain d’opposition et que son engagement depuis 3 mois, une fois décoré de la Légion d’honneur à l’Elysée, a consisté à soutenir des candidats dissidents, faute d’obtenir une investiture pour lui ou l’un de ses poulains.