Viatris : Chris­tophe Maupas en colère contre la taxa­tion des géné­riques

Alors qu’il permet à la Sécurité Sociale de faire 1 milliard d’euros d’économies grâce à ses médicaments génériques, Viatris France redoute d’avoir à payer la « clause de sauvegarde » en fin d’année, réduisant fortement sa rentabilité sur ce segment. Une décision qualifiée d’inique alors que le groupe américain poursuit ses investissements dans la région et installe son siège France à Lyon.

« Faire payer les géné­riques qui coûtent 60% de moins que les médi­ca­ments de marque, c’est inique. C’est la péren­nité du secteur qui est en jeu. Alors que Viatris fait écono­mi­ser 1 milliard d’eu­ros chaque année à la Sécu­rité sociale, nous sommes confron­tés à un vrai problème de renta­bi­lité ». Le docteur Chris­tophe Maupas, président de Viatris France (photo) ne cache pas sa colère. En cause, la « clause de sauve­garde » qui met à contri­bu­tion l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique lorsque l’objec­tif annuel des dépenses de santé est dépassé. Jusqu’en 2019, les géné­riqueurs en étaient dispen­sés. Ce qui leur semblait normal, compte tenu des écono­mies qu’ils permettent grâce à leurs petits prix. Pour tous les fabri­cants de médi­ca­ments géné­riques, l’éco­no­mie annuelle de la Sécu­rité sociale s’élève à 3 milliards €. D’où leur incom­pré­hen­sion d’être mis double­ment à contri­bu­tion. Sur l’an­née 2020, la ques­tion ne s’est pas posée. Mais, pour 2021, elle pour­rait à nouveau se poser. Le résul­tat des courses n’est connu qu’en fin d’an­née et la doulou­reuse à payer, s’il y en a une, dans la foulée.

Fusion Mylan – Upjohn

Malgré cela, Viatris, nouveau nom du groupe phar­ma­ceu­tique, consé­cu­tif à la fusion de Mylan et Upjohn, pour­suit ses inves­tis­se­ments en France et conforte ses 3 sites indus­triels (Méri­gnac en Gironde, Châtillon-sur-Chala­ronne dans l’Ain et Meyzieu), tout en instal­lant son siège France flam­bant neuf au sein d’Urban Garden à Gerland (400 personnes) depuis septembre dernier (il possède aussi un site admi­nis­tra­tif à Paris). « Nous sommes une entre­prise lyon­naise avec 3 sites dans la région, précise Chris­tophe Maupas. Sur les 1 600 colla­bo­ra­teurs de Viatris France, 830 sont basés en région lyon­naise. Le choix de Gerland n’est pas anec­do­tique : nous sommes à côté de la future Acadé­mie de l’OMS et du nouveau siège du Centre inter­na­tio­nal de recherche sur le cancer. Nous montrons la volonté de trans­for­ma­tion de l’en­tre­prise en suppri­mant les bureaux indi­vi­duels ». A Chatillon-sur-Chala­ronne (360 colla­bo­ra­teurs) où Viatris a investi 5 millions d’eu­ros en 2020, plus de 100 millions de boites sont produites chaque année dans un site qui a vu le jour en 1947. A Meyzieu (76 sala­riés), le centre de condi­tion­ne­ment des formes sèches (gélules) fête ses 20 ans cette année. Il a béné­fi­cié de 1 million d’eu­ros d’in­ves­tis­se­ment.

1,6 milliard d’eu­ros de chiffre d’af­faires en France

Viatris France a réalisé 1,6 milliard d’eu­ros de chiffre d’af­faires en 2021 et reven­dique le rang de 2ème acteur phar­ma­ceu­tique sur le marché de ville avec une présence dans la quasi-tota­lité des phar­ma­cies et hôpi­taux. « Nous avons la gamme la plus large de médi­ca­ments géné­riques, ajoute Chris­tophe Maupas. Mais nous sommes aussi présents sur les biosi­mi­laires, les médi­ca­ments de marque comme la Béta­dine et les vaccins ainsi que les produits de santé acces­sibles sans ordon­nance ». Sur les géné­riques, Viatris France détient 30% du marché dans l’Hexa­gone pratique­ment à égalité avec Servier. Cela repré­sente autour de la moitié de son acti­vité. « Nous avons aussi été très présents pendant la crise sani­taire avec nos médi­ca­ments d’anes­thé­sie et de réani­ma­tion, rappelle Chris­tophe Maupas. La situa­tion a parfois été tendue mais nos usines ont toujours conti­nué à fonc­tion­ner. En plus des 3 sites de produc­tion, nous fonc­tion­nons avec plus d’une tren­taine de sites parte­naires ». A l’échelle mondiale, Viatris pèse 17,8 milliards de dollars avec 37 000 colla­bo­ra­teurs. Le groupe, dont le siège est installé Penn­syl­va­nie, a annoncé un double­ment de ses inves­tis­se­ments en R & D au Royaume Uni, pour déve­lop­per de nouveaux produits dans trois domaines : gastroen­té­ro­lo­gie, ophtal­mo­lo­gie et derma­to­lo­gie.

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