Il s’en était ouvert dès le mois de mai, lorsque Lyon Décideurs l’avait rencontré dans l’atelier de lutherie de son fils, quelques semaines avant le début des Nuits de Fourvière, le festival qu’il dirige depuis vingt ans. Après avoir accueilli 153 000 spectateurs du 2 juin au 30 juillet pour cette 76e édition des Nuits, Dominique Delorme confirme aujourd’hui qu’il va passer la main et partir à la retraite. Une décision qu’il avait annoncée fin mai à Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon, la collectivité à laquelle les Nuits de Fourvière sont rattachées depuis 2015. « J’ai sollicité un rendez-vous avec Bruno Bernard pour lui dire que je souhaitais partir. Ça faisait 20 ans que j’étais là, et l’été prochain, j’aurais 67 ans. Je ne vais pas rester directeur des Nuits jusqu’à cent ans. C’est le moment pour le festival de penser à la suite. C’est important qu’il y ait d’autres personnes qui arrivent pour faire bouger les lignes. »
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Avant de mettre les voiles, le dirigeant va d’abord participer activement à la campagne de recrutement de son ou sa remplaçant(e). Une offre d’emploi a déjà été publiée par les Nuits de Fourvière sur le site spécialisé talents.fr, avec une date limite d’envoi des candidatures fixée au 18 septembre. « On se donne le temps de chercher quelqu’un qui corresponde au poste, qui ait les qualités et l’envie. Ça pourrait très bien prendre plusieurs mois, on veut faire ça sereinement. Et lorsque le choix de Bruno Bernard et Cédric Van Styvendael (vice-président culture de la Métropole) sera fait, je m’occuperai de faire le tuilage jusqu’à l’été 2023. La personne qui me remplacera pendra ses fonctions pendant l’été 2023, avant le début de la prochaine édition. »
« Dominique Delorme laissera une trace aux Nuits de Fourvière«
Arrivé à la tête, en 2003, d’un festival endormi, Dominique Delorme a fait des Nuits de Fourvière l’un des rendez-vous culturels les plus attendus de la région lyonnaise. « C’était inenvisageable de transmettre le festival pendant la crise. Il fallait le remettre sur les rails, retrouver le public, notre équilibre économique, et des conditions normales. À partir de là, c’est possible d’organiser une succession avec sérénité. »
En vingt ans passés à la tête du festival, le dirigeant tantôt décrit comme « exigeant », « chaleureux », « volontariste » ou « obstiné », aura marqué l’événement de son emprunte indélébile. « Il est celui qui aura su transformer ce festival et lui forger une véritable identité, autour de l’éclectisme et de la pluridisciplinarité artistique. Ce n’était pas facile à faire, donc c’est une réelle force d’avoir réalisé cela. Il laissera une trace aux Nuits de Fourvière. Il en a fait une belle maison, un lieu avec une véritable notoriété », soulignait en mai dernier Hélène Lafont-Couturier, directrice du Musée des Confluences et ex-directrice du musée gallo-romain de Fourvière. « Il est parvenu à croiser toutes les formes de spectacle vivant dans sa programmation avec de la musique, du théâtre, de la danse et du cirque, exposait de son côté Myriam Picot, ancienne vice-présidente de la Métropole en charge de la culture (2014–2020), qui a travaillé en étroite collaboration à ses côtés sur cette période. Mais sa grande force, c’est d’avoir su tisser des liens aussi forts avec les artistes, le public ou les mécènes. »