« L’arrivée de Galileo à emlyon est un signal fort pour le secteur. Les grandes manœuvres vont se poursuivre dans d’autres écoles. Avoir un leader européen, voire demain mondial qui se positionne ainsi, ce n’est pas neutre ». C’est un acteur lyonnais du monde des écoles privées, fin connaisseur de l’enseignement supérieur qui salue l’opération ainsi l’opération autour d’emlyon. A dire vrai, on est en droit de se demander pourquoi Galileo n’a pas répondu d’emblée à l’appel à candidatures de la CCI Lyon Métropole en 2019, lors du processus de privatisation de l’école amorcé avec la transformation juridique d’emylon devenue une société anonyme en 2018.
Certes, dans un 1er temps, ils avaient marqué un intérêt et faisaient partie du premier lot des candidats. Mais, quand il s’est agi de confirmer, Galileo a passé son tour, laissant Qualium, Eurazéo et un troisième candidat s’expliquer en finale. On se souvient qu’à l’époque Bruno Bonnell, président du conseil d’administration et Bernard Belletante, vice-président du conseil de surveillance, qui venait d’introniser Tawhid Chtioui à la direction de l’école, poussaient pour la solution Eurazéo, tandis que la CCI et son président, Emmanuel Imberton, les décisionnaires, choisissaient le tandem Qualium (fonds récent adossé à la Caisse des Dépôts)-Bpifrance avec le message suivant : emlyon a besoin d’importants moyens financiers pour assurer son développement que la CCI n’est pas en mesure de mobiliser dans un contexte général des chambres consulaires pour le moins tendu sur le plan financier. S’ensuivait, fin 2019/début 2020, une période mouvementée avec le départ du directeur d’emlyon, 9 mois tout juste après son arrivée, Bruno Bonnell et Bernard Belletante, ayant quant à eux, quitté leurs fonctions.
40 millions apportés par Qualium
L’augmentation de capital de 100 millions d’euros, actant l’arrivée de Qualium, était séquencée avec un premier apport de 40 millions contre 33% du capital, tandis que les 60 autres millions d’euros devaient être versés au fur et à mesure des besoins de l’école. « Avec la crise sanitaire, beaucoup de projets ont été gelés et il n’y a pas eu de dossiers significatifs présentés en termes d’acquisitions ». Donc, pas de mobilisation des 60 autres millions qui auraient permis à Qualium de monter en puissance, la CCI gardant, quoi qu’il en soit, au minimum une minorité de blocage. Sur le plan opérationnel, la nouvelle directrice générale et présidente du directoire, Isabelle Huault (photo), arrivée en septembre 2020 de Paris Dauphine, s’est chargée de mettre fin à la guerre des égos agitant l’école et de redéfinir la stratégie de l’école avec, en ligne de mire le déménagement à Gerland programmé pour 2024 (un investissement de 120 millions d’euros financé par emprunt bancaire). C’est alors que Galileo Global Education est revenu dans la danse, faisant savoir à la CCI Lyon Métropole tout l’intérêt qu’il pouvait porter à emlyon. Objectif : être l’opérateur industriel de l’école, tout en acceptant que la CCI en reste l’actionnaire majoritaire. Sur ces bases, l’accord a, somme toute, été trouvé assez facilement, avec un dernier round de négociations cet été, Bpifrance, déjà présent au tour de table d’emlyon et actionnaire de Galileo, jouant les go-between.
54 écoles dans 13 pays et 170 000 étudiants
Galileo Global Education est un leader européen de l’enseignement supérieur privé contrôlant 54 écoles dans 13 pays qui représentent 170 000 étudiants dont 110 000 en France. Parmi les références de Galileo, le Cours Florent, Prenninghen, Paris School Business. Galileo est détenu à 40% par Thétys (holding de la famille Béttencourt), 38% par un fonds souverain canadien, 10% par Bpifrance et par un fonds européen). L’entrée de Galileo va s’effectuer via une augmentation de capital de 50 millions d’euros, tandis que Qualium va céder sa participation. A l’issue de ce processus, la CCI contrôlera 51% d’emlyon, Galileo et Bpifrance posséderont 46%, les salariés 2% (et 1% d’autocontrôle). Des entreprises emblématiques de la région lyonnaise, dont bioMérieux, participeront aussi au tout de table. « On passe d’un actionnaire -fonds d’investissement- à un industriel du secteur, qui a identifié emlyon comme un fleuron. Avec Galileo, emlyon qui était déjà présent à Lyon, Paris, Saint-Etienne, en Inde, Chine et au Maroc, va pouvoir renforcer son développement international en disposant, à court terme, de 4 campus supplémentaires à Londres, Milan, Berlin et Oslo », explique Yves Chavent, 1er vice-président de la CCI Lyon Métropole, représentant de cette dernière au conseil de surveillance d’emlyon et négociateur de l’opération. Cette nouvelle étape s’inscrit dans la continuité de la vision de la CCI pour faire d’emlyon une global business university figurant dans le top 15 européen. De son côté, Isabelle Huault, présidente du directoire et directrice générale de l’école ajoute : « cette évolution permettra de doter emlyon de nouveaux leviers immédiats et de long terme pour accélérer le déploiement de son plan stratégique, tout en réaffirmant son anima, ses valeurs et son engagement au service de ses étudiants, de son corps académique d’excellence, de ses salariés et de ses alumni ».
120 millions d’euros de chiffre d’affaires
Emlyon accueille près de 9 000 étudiants de 121 nationalités dans ses 6 campus avec 170 professeurs chercheurs internationaux. Entreprise à mission, emlyon est engagée dans « un plan stratégique Confluences 2025, visant à hisser l’école au rang des meilleures institutions européennes et mondiales autour de trois axes : internationalisation, hybridation et digitalisation ». Avec un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros en 2021 (contre 100 millions en 2019), l’école propose un PGE (programme grande école) à 15 000 € la scolarité annuelle et lance un BBA, cette rentrée à Lyon. L’école intégrera son nouveau campus dans le 7e à Lyon en septembre 2024, les bâtiments étant livrés au printemps. Les oraux de recrutements des étudiants, en juin 2024, devraient commencer dans le nouveau campus.