« Hervé Legros fait face dans l’adversité. C’est une expérience dont il se serait bien passée, mais il est inoxydable. Et il sait qu’il n’a rien à se reprocher. Il a été entendu 2h par les enquêteurs puis il a pu repartir sans être mis en examen. Je viens de sortir du siège d’Alila, tout va bien. » A écouter son avocat Alain Jakubowicz et à lire le communiqué de presse du groupe de promotion immobilière, rédigé mardi en fin d’après-midi, déclarant qu’« Hervé Legros est de retour au siège d’Alila afin de rassurer les équipes du groupe et d’en poursuivre le développement », le dirigeant de 39 ans à l’ascension fulgurante serait déjà près à reprendre sa marche en avant.
Mais la colère d’Alain Jakubowicz contre « le scandale du tapage énorme de la presse » qui relaient abondamment l’affaire Legros ces dernières heures lève le voile sur une autre réalité : Quelque soit l’issue de l’enquête ouverte à la suite d’une alerte d’ex-salariés pour des faits de harcèlement moral et d’abus de bien sociaux, le coup est rude pour le fondateur d’Alila (733 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021) spécialisé dans la construction de logements aidés. « Cette affaire pourrait avoir des dégâts considérables sur l’image de l’entreprise qui travaille avec des collectivités locales et des offices HLM. Il y a un risque de pertes de marché à l’avenir », explique un fin connaisseur de l’entreprise et de son dirigeant, qui confirme au passage le côté « sanguin » de l’autodidacte Hervé Legros « capable de hurler et de tenir des propos inadmissibles puis d’oublier et de faire comme s’il n’avait rien dit, mais le mal est fait ».
>>>À lire aussi : Le Journal Éco, avec Hervé Legros
« Je travaille toujours à m’améliorer »
L’enquête de la police lyonnaise intervient alors qu’Alila, fondé en 2007, connaît une ascension fulgurante ces dernières années et vise le cap des 10 000 logements sociaux et intermédiaires construits par an en France. Chantre du « logement pour tous » devenu une des voix qui portent pour parler logement au niveau national, Hervé Legros déclarait à Lyon Décideurs, en mars 2022, avoir « l’ambition de devenir un acteur important du logement au niveau européen ». Il disait alors son groupe « à un virage de son histoire » avec une réorganisation du capital -il détient 70% du capital d’Alila – qui devait s’accompagner, dans un second temps, d’une levée de fonds comprise entre 100 et 150 millions d’euros.
« La crise du logement n’est pas uniquement française : vous allez à Berlin, à Londres ou dans n’importe quelle grande ville européenne, c’est pareil. On doit viser 20 000 ou 30 000 logements par an. J’ai pour cela un vrai projet d’entreprise qui sera dévoilé dans les prochaines semaines », nous déclarait-il ainsi. Un entretien au cours duquel Hervé Legros, conscient de sa réputation, disait avoir mûri : « J’ai créé cette société il y a bientôt 18 ans dans la cuisine de mes parents et maintenant je vais avoir 40 ans, je suis père de famille. Donc j’ai changé en tant qu’homme. Je suis moins fougueux, je dis peut-être les choses avec plus de rondeurs. Et croyez-bien, je travaille toujours à m’améliorer. »
>>>À lire aussi : Notre Grand Entretien avec Hervé Legros