Quelques semaines après la démission de Sophie Desormière, qui sera restée moins d’un an à la tête du constructeur de navettes autonomes, Navya (280 collaborateurs à Lyon et Paris, aux États-Unis et à Singapour) déclare être en cessation de paiement et demande son placement en redressement judiciaire auprès du tribunal de commerce de Lyon. « Compte tenu de l’évolution de son cours de bourse et de la liquidité des actions sur le marché, Navya n’était plus en mesure d’émettre de nouvelles tranches d’OCABSA d’un montant suffisant lui permettant de couvrir l’ensemble de ses besoins de trésorerie. Par ailleurs, toutes les tentatives d’adossements auprès d’investisseurs ont échoué. A ce jour, la société fait état d’un passif exigible et ne dispose pas de ressources disponibles suffisantes pour y faire face », explique le groupe dans un communiqué.
L’objectif de cette procédure de redressement judiciaire, qui sera étudiée le 31 janvier, est « d’évaluer toutes les solutions permettant de pérenniser l’activité, maintenir les emplois ainsi que rechercher des investisseurs dans le cadre d’un plan de redressement, par voie de continuation ou d’un plan de cession ». Conséquence de cette annonce, le groupe lyonnais a demandé à Euronext la suspension de sa cotation. « Compte tenu de l’incertitude concernant l’issue de la procédure de redressement judiciaire et des démarches entreprises par la Société, la suspension de la cotation des actions est maintenue jusqu’à nouvel ordre et pourrait éventuellement ne jamais reprendre », poursuit le groupe.
L’action Navya était en chute libre
Les ennuis s’enchaînent donc pour Navya qui était à la recherche, ces derniers mois, de nouveaux investisseurs. Le 12 décembre, à l’issue d’un cafouillage monstre, l’agence de communication de l’entreprise annonce un nouveau financement de 30 millions d’euros auprès d’une société d’investissement basée au royaume de Bahreïn (Eshaq Investment Company WLL). Un financement sur 10 ans au taux de 3% présenté comme la suite logique des 36 millions de l’été. Dans la foulée, le même jour, peu après 17 heures, Navya suspend la cotation en bourse et fait savoir que ce communiqué a été diffusé par erreur, à son insu.
Après avoir procédé à des investigations financières, le 15 décembre, Navya indique que « les conditions de mise en place de ce projet de financement relevaient d’une tentative d’escroquerie et n’étaient pas conformes aux règles fiscales internationales ». Lorsque la cotation reprend, le 16 décembre, le cours de Navya est divisé par deux (l’action cote 0,03 euro, le 3 janvier 2023 au soir, en chute de 57 % en un mois et de 98,4 % depuis un an). Deux semaines plus tard, le 30 décembre, Sophie Desormière démissionne de ses fonctions de présidente du directoire et de membre du directoire avec effet immédiat au 31 décembre 2022.