Philippe Eyraud s’était dit, voilà quelques temps, que 60 ans serait un bel âge pour faire autre chose. Et il a tenu parole à lui même : La PME industrielle basée à Dardilly Mixel (80 collaborateurs, 15 millions d’euros de chiffre d’affaires, deux usines à Lyon et en Chine) qu’il dirige depuis 1990, spécialisée dans les agitateurs industriels – des machines utilisées par la chimie, la pharmacie, l’agroalimentaire, le traitement de l’eau… – va être rachetée par le géant du secteur, le groupe allemand GMM Pfaudler (1800 salariés, 320 millions d’euros de chiffre d’affaires).
« 60 ans, c’est une date sympa pour basculer dans une nouvelle vie. Cela fait 32 ans que je suis derrière ce bureau, j’ai peut-être fait le tour. Et puis c’est bien de vendre lorsqu’on est au zénith. L’entreprise est en pleine croissance, et nous avons achevé l’année 2022 avec une prise de commandes record de 20 millions d’euros », commente Philippe Eyraud, « super heureux » du deal qui devrait être finalisé au cours du premier semestre. Parce qu’il va désormais pouvoir s’adonner autant qu’il veut à sa grande passion (la restauration de voitures de collection dans son garage de La Tour-de-Salvagny, voir Lyon Décideurs #7), mais surtout parce qu’il estime avoir trouvé le repreneur idéal pour Mixel.
Un tuilage de quelques mois avant de passer la main
« Les banques m’incitaient à trouver un fonds d’investissement parce que l’offre financière aurait pu être supérieure, mais cela ne m’intéressait pas. Je voulais un industriel parce que je cherchais un porte-avion pour faire décoller Mixel. Je n’ai donc pas cédé au plus offrant, mais au mieux offrant », affirme Philippe Eyraud. Et la signature avec GMM Pfaudler, qui détient 15 sites de fabrication dans le monde, est le fruit de plusieurs flirts. « J’étais sollicité depuis plusieurs années, notamment par GMM Pfaudler qui m’avait approché deux fois par le passé lorsque je n’étais pas encore vendeur », rapporte le dirigeant.
L’insistance s’explique par plusieurs raisons : Déjà, le rachat de Mixel constitue la première opération en France du groupe allemand actuellement en pleine phase phase de développement en Europe. « Et surtout, nous sommes très performants dans notre métier, notre marque est connue à l’international avec 60% de l’activité réalisée à l’export… GMM Pfaudler va garder donc conserver le nom de Mixel et même capitaliser sur notre notoriété », souligne Philippe Eyraud qui estime également que Mixel « va bénéficier de la puissance de feu extraordinaire » de son nouvel actionnaire. Philippe Eyraud a prévu de rester quelques mois en poste, le temps de faire le tuilage avec son successeur dont le nom devrait être officialisé dans les prochains jours. Seul indice : il s’agit d’une « femme, lyonnaise, avec une grande expérience dans l’industrie ».