Avec la liquidation judiciaire de Place du Marché (ex Toupargel) le 13 janvier dernier, Lyon est devenue l’épicentre de l’un des plus grands plans sociaux de ce début d’année 2023. Non seulement 1 900 emplois sont en jeu, mais aussi à travers ce personnel, une entreprise qui pesait encore 200 millions d’euros lors de son dernier exercice (2021/2022) avec 150 000 clients, des installations (3 plateformes) avec un stock de produits dont la valeur n’a rien d’anecdotique.
Si pendant 2 mois (début de la sauvegarde fin octobre, puis redressement judiciaire fin novembre), aucun repreneur n’a jugé utile de faire une offre, depuis que le Tribunal de commerce de Lyon a prononcé la liquidation judiciaire, différents spécialistes de la distribution de produits surgelés, frais et d’épicerie regardent attentivement le dossier. Le premier à sortir du bois a été la Maison Thiriet. Le groupe vosgien (800 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, + 22% par rapport à 2019 avec 180 magasins et 90 centres de livraison dans l’Hexagone proposant plus de 1 800 produits surgelés et glaces) se positionne en s’adressant directement aux ex-salariés de Place du Marché et à ses clients depuis le 16 janvier.
Hot-line et adresse mail proposées
Aux premiers, il propose « un plan de recrutement prioritaire pouvant aller jusqu’à 150 collaborateurs de Place du Marché: les personnes pourront proposer leur candidature et bénéficier d’un processus de recrutement spécifique et accéléré. Une hot-line et une adresse mail dédiées sont opérationnelles au sein de la Direction des ressources humaines de la Maison Thiriet ».
Quant aux clients de Place du Marché, ils se voient proposer « un maintien du service de livraison à domicile partout en France. Pour assurer la continuité d’un service essentiel pour certains clients et à la suite d’une forte sollicitation ces dernières semaines, les clients de Place du Marché pourront disposer d’un accueil personnalisé, d’une offre de bienvenue ainsi que d’une première livraison à domicile express sous 48 heures ». Là aussi, adresse mail et téléphones sont proposés par voie de presse. Et Christiane Bertoncini, directrice générale de la Maison Thiriet de conclure : « Apporter notre soutien aux collaborateurs et clients afin de contribuer, à notre manière et en fonction de nos possibilités, au maintien d’un équilibre économique dans les zones impactées par la fermeture de Place du Marché nous tient particulièrement à cœur dans le contexte actuel ».
Un positionnement dont on peut raisonnablement penser qu’il doit interpeller les organes de la procédure. Lesquels préféreraient sans doute que Maison Thiriet se signale auprès d’eux plutôt que de venir faire « leur marché » auprès des salariés et des clients, hors du cadre fixé par la loi sur les faillites. Réponse de la direction du groupe vosgien : « Notre Groupe a en permanence des postes à pourvoir et, compte tenu des circonstances, il nous a semblé normal de le faire savoir, afin de permettre aux salariés de Place du Marché qui vont être licenciés de postuler ».
« Action solidaire et engagée »
Cette approche directe sans dépôt d’une offre officielle de Thiriet suscite interrogations et critiques ici ou là. Thiriet réagit en expliquant que « l’approche critiquée résulte d’un appel fait par Place du Marché sur sa page LinkedIn, invitant les acteurs de la livraison de surgelés, à ne pas laisser leurs clients sans alternatives, en particulier les personnes les plus dépendantes. Répondant à cet appel, nous avons fait savoir aux clients de Place du Marché qu’ils bénéficieront d’un accueil chaleureux et bienveillant s’ils décident de faire appel à Maison Thiriet, que nous sommes là pour répondre à leurs besoins. L’action solidaire et engagée fait partie des valeurs de la Maison Thiriet ».
Thiriet a été le 1er à se signaler à sa façon. D’autres acteurs devraient entrer dans la danse les prochains jours. Et, sans doute, cette fois-ci en passant par les organes de la procédure. A chacun sa stratégie.