Dans la catégorie président de la chambre de métiers et de l’artisanat (CMA), Vincent Gaud détient deux records nationaux: d’abord celui de plus jeune président départemental (de l’Ain, à l’âge de 41 ans à partir de 2016), puis de plus jeune président régional en étant élu en novembre 2021, à 46 ans, à la tête de la CMA Auvergne-Rhône-Alpes.
Une grosse machine de près de 700 collaborateurs et 65 millions d’euros de budget annuel, qui dispose de 27 bureaux régionaux avec pour mission de soutenir les 221000 entreprises artisanales du territoire qui emploient plus de 300000 salariés au total.
«Et je ne suis pas un président de chambre-sénateur. Par exemple, je ne me cale pas du tout sur le modèle d’un Alain Audouard», embraye d’emblée Vincent Gaud, en référence à l’indéboulonnable ancien président de la CMA du Rhône, qui a rempilé les mandats pendant plus de 20 ans dans le fauteuil – avec chaussons – de président.
Une façon de dire qu’il ne s’est pas présenté aux élections pour le titre et les honneurs. «D’ailleurs, quand je vais voir un match à Bourg, je pourrais aller en places présidentielles, mais je préfère être en short et manger une saucisse-frites au bord de la rambarde. »
Ni pour la rémunération (qu’il garde secrète) : «Il y a beaucoup de présidents de CMA qui n’ont plus réellement d’activité et qui s’accrochent au poste pour conserver cette rémunération. Moi, je suis avant tout un patron en activité. Et cet argent me sert principalement à payer des restos à ma femme pour me faire pardonner de ne jamais être à la maison», rigole le père de quatre enfants.
«En mode grands projets»
Car Vincent Gaud est effectivement très occupé, entre la direction de Gaud & Charvin, une PME familiale de 14 salariés qui œuvre dans l’installation de chauffages et de salles de bain dans la région de Bourg-en-Bresse, et la présidence régionale de la CMA qu’il annonce offensive.
«Je suis en mode grands projets», dit-il. Alors que son prédécesseur, Serge Vidal, a «créé le contenant» en opérant la fusion des régions Auvergne et Rhône-Alpes, le nouveau président entend désormais «apporter du contenu».
Il a, pour cela, présenté fin 2022 son plan de mandature qui court jusqu’en 2026 avec plusieurs axes forts : l’innovation, l’international, l’industrie artisanale ou encore l’écologie. Mais la plus grande nouveauté réside dans la possibilité pour la CMA, depuis l’adoption de la loi Pacte, de s’adresser à d’autres métiers que les artisans.
Dans le viseur : les professions libérales (avocats, médecins, infirmiers…), les commerçants et les indépendants. «Notre cœur de métier, ce sont les entreprises de moins de 20 salariés. Plus les structures sont petites, plus elles ont besoin d’accompagnement. En fin de mandat, j’imagine que 30% des entreprises accompagnées pourraient ne pas être artisanales», affirme Vincent Gaud, qui a entrepris de relogoter les 27 antennes régionales en une Maison de l’artisanat et de l’entrepreneuriat plus ouverte.
Un virage vers de nouveaux clients alors que l’État a engagé une réduction de la dotation des CMA qui se traduit par la perte d’un million d’euros par an pour la CMA régionale. «Je suis d’un naturel optimiste, et cette baisse sur les ressources de l’État a pour eet positif de nous obliger à nous remettre en cause et nous pousse à toujours plus d’autonomie. Nous allons être en mode entreprise.»
Et Vincent Gaud estime avoir le soutien des autres élus de la chambre. La preuve : intronisé avec 52 des 92 surages exprimés, il se félicite de votes à l’unanimité lors de la dernière AG. «En un an, j’ai réussi à rassembler tout le monde autour d’un même combat.» Et maintenant, action.
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